A man stands in front of soldiers outside Burundi’s capital during a protest against president Pierre Nkurunziza. REUTERS/Goran Tomasevic
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Burundi: alerte de crise

Guerre civile et atrocités de masse risquent de ressurgir au Burundi. La spirale de violence, la radicalisation du discours du pouvoir et le flot important de réfugiés (plus de 200,000) montrent que les divisions internes s’aggravent et que le dialogue national n'a pas allégé les tensions.

Selon les sources de Crisis Group ainsi que les médias, il apparait que le président Pierre Nkurunziza et ceux autour de lui désirent utiliser la force pour mettre fin à la contestation qui a lieu à Bujumbura depuis avril. Le président a donné un ultimatum de sept jours à ceux labellisés comme « criminels »  pour déposer leurs armes. Révérien Ndikuriyo, le président du sénat, a rappelé de façon cryptique le 1er novembre que la police va bientôt se mettre au « travail » et a demandé aux chefs de quartiers de mettre en lumière les « éléments qui ne sont pas conforme à l’ordre ». Le langage est clair pour les Burundais et donne froid dans le dos car il rappelle celui utilisé au Rwanda dans les années 1990 avant le génocide.

La seule institution nationale capable d’empêcher un retour de la violence est l’armée qui se fracture et est au bord de l’implosion. Une intervention diplomatique ferme et décisive est nécessaire afin d’empêcher la guerre civile et ses inévitables massacres.

La décision du président américain Barack Obama le 27 Octobre d’exclure le Burundi de l’African Growth and Opportunity Act est un signal important montrant l’inquiétude grandissante de son pays, mais ce n’est pas assez. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a publié un communiqué fort le 17 octobre, mais délègue encore le rôle de médiateur de la crise au Burundi à la Communauté de l’Afrique de l’Est. Cependant, cette organisation régionale semble trop divisée, et son médiateur en chef, le président de l’Ouganda Yoweri Museveni, est trop occupé par les élections à venir dans son pays et la mise en place d’un accord de paix difficile au Soudan du Sud. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, avec le soutien actif des Etats-Unis, du Royaume-Uni, et de l’Union Européenne, devrait par conséquent, faire suite à la décision exprimée dans son communiqué et organiser une réunion du gouvernement burundais et des représentants de l’opposition à Addis Ababa, si une telle réunion ne pouvait être rapidement organisée à Kampala sous l’autorité du président Museveni. Le Conseil devrait clarifier que la situation actuelle est inacceptable et que les Etats de l’Union africaine vont intervenir si le Président Nkurunziza ne change pas de trajectoire.

Tout particulièrement, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doit insister sur la mise en place d’une mission africaine de maintien de la paix au cas où il y aurait une détérioration encore plus forte de la situation, à travers le soutien massif de ses Etats membres et l’engagement public des donateurs tels que les Etats-Unis et autres. L’Union africaine, les Etats Unis, le Royaume-Uni, et les autres membres de la communauté internationale doivent également demander aux gouvernements rwandais et tanzanien de jouer un rôle plus constructif.

Nairobi / Bruxelles

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