Report / Europe & Central Asia 2 minutes

Abkhazie : la marche à suivre

Quatorze années de négociations, menées alternativement par les Nations unies et par la Russie, n’ont pas donné beaucoup de résultats dans la résolution du conflit entre la Géorgie et l’Abkhazie.

  • Share
  • Enregistrer
  • Imprimer
  • Download PDF Full Report

Synthèse

Quatorze années de négociations, menées alternativement par les Nations unies et par la Russie, n’ont pas donné beaucoup de résultats dans la résolution du conflit entre la Géorgie et l’Abkhazie. Des succès ont été obtenus sur le terrain : les violations de cessez-le-feu sont rares, environ 45 000 Géorgiens déplacés sont rentrés chez eux dans la région de Gali, Géorgiens et Abkhazes coopèrent dans l’exploitation de la centrale hydroélectrique d’Inguri et une voie ferrée stratégique à travers l’Abkhazie pourrait être remise en activités. Mais la brusque détérioration des relations entre la Russie et la Géorgie et une aventure militaire géorgienne dans la vallée de Kodori ont contribué à un gel diplomatique sur le sujet de l’Abkhazie depuis la mi-2006. Si aucune nouvelle initiative n’est prise, de nouvelles violences sont à craindre. Parce que les perspectives d’un règlement global rapide des principaux problèmes politiques, en particulier celui du statut final de l’Abkhazie, sont sombres, les parties et les facilitateurs internationaux devraient se concentrer en 2007 sur l’instauration de la confiance et sur la coopération dans les domaines où ces efforts ont le plus de chances d’aboutir.

L’Abkhazie insiste sur la reconnaissance de son indépendance et affirme être en train de consolider les valeurs démocratiques et l’État de droit mais la communauté internationale considère de façon unanime que cette région fait partie intégrante de la Géorgie. Tbilissi voit en son incapacité à regagner le plein contrôle du territoire un obstacle au renforcement de l’État, à la sécurité nationale et au développement économique du pays. Plus de 200 000 personnes déplacées originaires d’Abkhazie vivent dans des conditions difficiles en Géorgie. Des années d’impasse ont renforcé l’image négative et déformée qu’ont chacun des deux camps de “l’autre”. Les Abkhazes ont subi des restrictions économiques depuis 1996, sans pouvoir vraiment commercer avec l’extérieur ou voyager ; ils continuent de craindre l’armée géorgienne et une nouvelle guerre. À mesure que la capacité de l’Abkhazie à établir des liens avec d’autres États a été réduite, sa dépendance vis-à-vis de la Russie s’est accrue.

Une vague d’optimisme au printemps 2006 a fait espérer que des discussions sur une coopération accrue et la résolution des différends pourraient commencer : les parties ont repris pour la première fois depuis janvier 2001 les pourparlers dans le cadre du Conseil de coordination sous les auspices de l’ONU, les Abkhazes ont présenté un nouveau plan de paix (intitulé “Key to the Future”) et la Géorgie a produit une “Feuille de route”. Mais rien n’est sorti de ces efforts. Après que la Géorgie eut lancé une opération des forces spéciales dans la vallée de Kodori en juillet, les Abkhazes se sont retirés des négociations. La diplomatie est gelée et ne semble pas près de reprendre. La Géorgie a adopté une nouvelle stratégie, qui appelant à des changements dans les formats de négociations et de maintien de la paix afin de limiter l’influence de la Russie dans ces deux domaines. Moscou et Soukhoumi (la capitale abkhaze) s’opposent à ces changements mais n’ont pas le soutien des partenaires occidentaux de la Géorgie.

Parce que ni l’environnement local ni l’environnement politique plus large ne sont propices à des progrès significatifs, le présent rapport affirme que, au moins pendant la prochaine année, le seul moyen de progresser est d’insister sur l’instauration de la confiance plutôt que sur des négociations concernant les principaux problèmes politiques. La Géorgie devrait prendre des mesures concrètes, par exemple signer une promesse de non-reprise des hostilités, lever les sanctions économiques contre les Abkhazes et encourager un plus grand développement économique et un engagement international en Abkhazie pour retrouver une crédibilité et restaurer la confiance de ses homologues abkhazes. Pour pouvoir être considéré comme un partenaire de dialogue légitime, Soukhoumi devrait montrer un plus grand intérêt pour la coopération. L’alternative n’est pas encourageante. Si la Géorgie et l’Abkhazie continuent de chercher à s’impressionner l’un l’autre et ne reprennent pas les négociations, les hostilités pourraient reprendre en 2007, en particulier dans la vallée de Kodori et ses environs et dans le district de Gali.

Tbilissi/Bruxelles, 18 janvier 2007

 

Executive Summary

Fourteen years of negotiation, led alternately by the UN and Russia, have done little to resolve the Georgian-Abkhaz conflict. There have been some successes on the ground: ceasefire violations are rare, approximately 45,000 internally displaced (IDP) Georgians have returned to homes in the Gali region, the two sides cooperate on operating the Inguri power plant, and a strategic railway through Abkhazia may restart. But the sharp deterioration in Russian-Georgian relations and a Georgian military adventure in the Kodori valley have contributed to a freeze in diplomacy over Abkhazia since mid-2006. In the absence of a new initiative, new violence is a real possibility. Because prospects are bleak for an early comprehensive settlement of the key political issues, in particular final status, the sides and international facilitators should shift their focus in 2007 to building confidence and cooperation in areas where there are realistic opportunities.

Abkhazia insists on recognition of independence and says it is establishing democratic values and rule of law but the international community unanimously considers it part of Georgia. Tbilisi sees inability to regain full control as impeding state-building, national security and economic development. Over 200,000 IDPs from Abkhazia live under harsh conditions in Georgia proper. Years of stalemate have solidified each side’s distorted and negative image of the “other”. The Abkhaz have lived under economic restrictions since 1996 with little opportunity to trade or travel; they continue to fear Georgia’s army and a new war. The entity’s dependence on Russia has grown as its ability to forge links with other states has been constrained.

There was optimism in spring 2006 that extensive discussions on increasing cooperation and resolving disputes could begin: the sides resumed talks within the UN-led Coordinating Council for the first time since January 2001, the Abkhaz presented a “Key to the Future” document, and Georgia issued a “Road Map”. But nothing came of it. After Georgia launched a special forces operation in the Kodori valley in July, the Abkhaz pulled out of all negotiations. Diplomacy is frozen, with few incentives to restart it. Georgia has adopted a new strategy, calling for changes in the formats for negotiations and peacekeeping so as to reduce Russia’s influence in both. Moscow and Sukhumi oppose these changes, and they are not strongly backed by Georgia’s Western partners.

Because neither the local nor the wider political environment is conducive to breakthroughs, this report argues that for at least the next year the only way forward is to emphasise confidence building rather then negotiation of the central political issues. Georgia should take concrete steps such as signing a pledge on the non-resumption of hostilities, lifting economic sanctions and encouraging greater economic development and international engagement in Abkhazia to regain credibility and trust with Abkhaz counterparts. If it wants to be treated as a legitimate dialogue partner, Sukhumi should show more interest in cooperation. The alternative is bleak. If the sides continue to flex their muscles and do not resume talks, there could be renewed hostilities in 2007, especially in and around the Kodori valley and the Gali district.

Tbilisi/Brussels, 18 January 2007

Subscribe to Crisis Group’s Email Updates

Receive the best source of conflict analysis right in your inbox.