Report / Europe & Central Asia 2 minutes

Le conflit sud-ossète en Géorgie : hâtez-vous lentement

Tbilissi fait preuve d’imagination dans sa tentative de résoudre le conflit qui divise la Géorgie et l’Ossétie du Sud ; sa nouvelle stratégie pourrait cependant se retourner contre elle, et les fréquents incidents dégénérer, à moins qu'elle n’avance prudemment et n'engage toutes les parties.

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Synthèse

Tbilissi fait preuve d’imagination dans sa tentative de résoudre le conflit qui divise la Géorgie et l’Ossétie du Sud ; sa nouvelle stratégie pourrait cependant se retourner contre elle, et les fréquents incidents dégénérer, à moins qu'elle n’avance prudemment et n'engage toutes les parties. La Géorgie est déterminée à résoudre le conflit mais selon un agenda qui lui est propre et sans doute d'une manière trop précipitée. Les autorités alternatives dirigées par Dimitri Sanakoev et installées dans la région administrée par la Géorgie au sein de la zone de conflit perturbent les intérêts de l’Ossétie. Sous estimer les aspirations ossètes au régime d'Edouard Kokoity à Tskhinvali serait une erreur. Tbilissi devrait renouer le dialogue avec Tskhinvali, alors que M. Sanakoev tente de s’assurer une crédibilité auprès des Ossètes.

Depuis la reprise des hostilités à l’été 2004, la confiance entre Géorgiens et Ossètes est au plus bas et la stabilité sans cesse menacée. Les deux parties envisagent le conflit de manière différente, sont suspicieuses l'une à l'égard de l'autre et surtout, se font piéger par des peurs contradictoires au sujet des calculs stratégiques de l'autre. Malgré la signature de nombreux accords par le passé, les négociations sont au point mort.

La frustration de la Géorgie quant au rôle joué par la Russie a atteint un niveau sans précédent. La première considère qu’elle est en conflit avec Moscou, et non pas avec les Ossètes, et que l’assistance fournie par la Russie à Tskhinvali, ainsi que la présence de militaires au sein des autorités de facto sont autant de signes du manque d’honnêteté de la Russie en tant que médiateur dans le processus de paix. Tbilissi a pris des mesures radicales avec pour objectif de changer le statu quo sur le terrain ainsi que le format des négociations et de maintien de la paix qui, selon elle, accordent trop de poids à la Russie. Elle devrait cependant s’intéresser davantage aux conflits externes et internes en parallèle. Il est légitime de vouloir limiter le rôle de la Russie mais cela ne résoudra pas les problèmes interethniques et ne satisfera pas aux aspirations ni aux craintes ossètes.

La Géorgie doit travailler à son image. L’autorité de Tskhinvali dépend de la Russie, mais les Sud-Ossètes considèrent cette dépendance comme une nécessité et se méfient de la réunification avec la Géorgie. Les différentes initiatives de paix lancées par Tbilissi depuis 2004 sont perçues comme ayant pour objectif premier de montrer les bonnes intentions de cette dernière à la communauté internationale et donc de lui laisser la liberté de trouver une solution qui lui convienne.

La Russie devrait renoncer à soutenir unilatéralement le gouvernement sud-ossète de facto d’Edouard Kokoity et reconnaître à nouveau formellement l’intégrité territoriale de la Géorgie. La Russie et Tskhinvali devraient admettre que Tbilissi n’accepte pas sa position d’infériorité dans le format de négociations et de maintien de la paix actuel, et qu’elle ne souhaitera pas s’engager dans une véritable approche progressive sans que ce format ne soit modifié. Si aucun changement n’est négocié, le processus politique pourrait être anéanti. Un rôle plus important devrait être attribué au dialogue direct entre la Géorgie et l’Ossétie du Sud et de nouvelles tierces parties, telle l’UE, devraient être inclues.

Tbilissi devrait signer un accord l'engageant au non-usage de la force et elle a besoin, si elle veut être rassurée quant au rôle de Moscou, d’un système d’observation des déplacements de la Russie vers l’Ossétie du Sud par le tunnel de Roki. La plupart des incidents menaçant la sécurité dans la zone de conflit sont liés à l'origine à des activités criminelles ; les parties devraient travailler ensemble à la mise en place d'une surveillance policière commune incluant une présence internationale, si possible européenne,  mais aussi la Russie. Ceci pourrait à terme transformer les Forces conjointes de maintien de la paix (JPFK), une mission de grande envergure assez peu dynamique, en un outil plus réduit de gestion des crises.

Le seul domaine qui connaisse une coopération concrète dans la zone de conflit est celui des projets économiques coordonnés par l’OSCE. Les bailleurs de fonds se sont engagés à hauteur de 7,8 millions d’euros pour la réhabilitation et le développement mais Tbilissi et Moscou ont également investi massivement dans des programmes unilatéraux. Certes des initiatives concurrentes peuvent conduire à l’amélioration de la situation matérielle locale mais elles n'aident ni au renforcement de la confiance, ni à la résolution du conflit.

Tbilissi/Bruxelles, 7 juin 2007

Executive Summary

Tbilisi is taking imaginative steps towards solving the Georgian-Ossetian conflict but its new strategy may backfire, and frequent security incidents could degenerate into greater violence, unless it proceeds cautiously and engages all actors. Georgia is determined to solve the conflict but on its own terms and perhaps too quickly. The establishment of Dmitri Sanakoev and his alternative power centre in the Georgian-administered areas in the zone of conflict is alienating the broader Ossetian constituency. It would be a mistake to dismiss Ossetian aspirations together with the Kokoity regime in Tskhinvali. Tbilisi should resume substantive dialogue with Tskhinvali, while Sanakoev tries to steadily build credibility with the Ossetians.

Since hostilities resumed in summer 2004, confidence between Georgians and Ossetians has been low and the security situation volatile. The sides view the conflict differently, are mutually suspicious and trapped in conflicting fears about the other’s security calculations. Though they have signed numerous agreements in the past, all negotiations are stalled.

Georgia’s frustration with Russia’s role has reached an unprecedented level. It claims its conflict is really with Moscow, not the Ossetians, and cites Russian military aid to Tskhinvali and the presence of officers among the de facto authorities as powerful reasons why Russia cannot be an honest broker in the resolution process. Tbilisi has taken assertive actions to change the status quo on the ground as well as in the negotiation and peacekeeping formats, which it feels give Russia too much weight, but it should tackle the external and internal conflicts in parallel. Focusing on containing Russia, however legitimate, will not resolve interethnic issues and satisfy Ossetian aspirations and fears.

Georgia needs to work on changing perceptions. The Tskhinvali leadership is dependent on Russia, but South Ossetians consider that dependency a necessity and are wary of reunification with Georgia. The several peace initiatives Tbilisi has produced since 2004 are viewed as directed primarily at proving good intentions to the international community and so freeing Georgia to pursue a solution on its own terms.

Russia should step back from unilaterally supporting the de facto South Ossetian government of Eduard Kokoity and formally reconfirm Georgia’s territorial integrity. Together with Tskhinvali it should recognize that Tbilisi resents its vulnerability in existing negotiation and peacekeeping formats and will be unwilling to engage in a meaningful step-by-step process unless they are changed. If modifications are not negotiated, the political process could break down completely. A bigger role should be given to direct Georgian-Ossetian dialogue, and new external parties, such as the EU, should be included.

Tbilisi should consent to an agreement on non-use of force, while to lessen its concern for Moscow’s role, it needs a mechanism for observing movements from Russia into South Ossetia through the Roki tunnel. As most security incidents in the zone of conflict begin as criminal activity, the sides should cooperate on joint policing, bringing in an international, possibly EU, element but also with Russian involvement. This could lead ultimately to converting the Joint Peacekeeping Forces (JPKF) from a large, static mission to a slim, crisis management tool.

OSCE-led economic projects are the only area of practical cooperation in the zone of conflict. Donors have pledged €7.8 million to fund rehabilitation and development but Tbilisi and Moscow have also invested significantly in unilateral programs. Competing initiatives may improve local conditions but do not foster confidence or conflict resolution.

Tbilisi/Brussels, 7 June 2007

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