Haïti : stabilisation et reconstruction après le tremblement de terre
Haïti : stabilisation et reconstruction après le tremblement de terre
Table des matières
  1. Résumé
Kenya and the Chaos in Haiti
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Report / Latin America & Caribbean 3 minutes

Haïti : stabilisation et reconstruction après le tremblement de terre

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Résumé

Le tremblement de terre ayant frappé Haïti a entraîné de gigantesques dévastations qui menacent la stabilité politique et socio-économique, et suscitent d’énormes défis en termes de relèvement et de reconstruction. Faiblesses institutionnelles et de la gouvernance, et grande pauvreté aggravent une crise humanitaire majeure, qui pourrait devenir difficile à contrôler si l’environnement de sécurité se détériorait encore à l’approche des saisons des pluies et des ouragans. La catastrophe a entraîné le report des élections législatives et jeté l’incertitude sur la réalisation, en fin d’année, des élections présidentielles, comme prévu par le calendrier constitutionnel. Après la mi-mai, la législature aura achevé son mandat, et le pays sera privé d’élé­ments essentiels de son anatomie institutionnelle. Il revient donc au gouvernement de se tourner désormais vers la société civile, politique et économique pour forger un consensus solide quant à la manière de préserver la démocratie jusqu’aux élections sans sacrifier la capacité des élus au pouvoir à prendre des décisions difficiles et urgentes concernant la reconstruction. Ce pacte doit être fondé sur une stratégie à long terme sous tutelle haïtienne soutenue par l’ensemble des secteurs de la société et de la communauté internationale, et doit tenir compte du rétablissement de la sécurité et de l’état de droit.

Haïti se remettait à peine des ouragans de 2008, qui avaient laissé dans leur sillage 800 morts et plus de 1 milliard USD de dégâts, lorsque, le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de 7.0 sur l’échelle mobile de Richter est survenu. La catastrophe a fait, d’après les estimations, 250 000 morts, parmi lesquels des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des représentants et agents des Nations Unies. À cela, il faut ajouter 300 000 blessés et 1,5 million de personnes déplacées, dont la moitié a fui vers d’autres provinces et villes qui n’étaient pas prêtes à les recevoir. Le tremblement de terre a engendré des coûts de reconstruction d’urgence estimés à 11,5 milliards USD, et a détruit plus de 80 % de Port-au-Prince, plusieurs villes et villages environnants, les sièges des trois pouvoirs de l’État, 15 des 17 ministères, 45 % des commissariats de police et un certain nombre de tribunaux.

Plus de deux mois et demi après le tremblement de terre, alors que les autorités haïtiennes et les bailleurs de fonds se réunissent à New York, le 31 mars, pour une conférence de première importance sur la stratégie de reconstruction, des centaines de milliers de citoyens haïtiens demeurent confrontés à des difficultés extrêmement éprouvantes et à une criminalité et des violences, notamment sexuelles, croissantes, dans des abris de fortune, organisés spontanément, dans Port-au-Prince. De nombreux autres se trouvent encore aux endroits qui les ont accueillis après la catastrophe, quoi qu’ils ne soient pas en mesure de leur offrir les moyens de subvenir à leurs besoins.

Les Haïtiens, qu’ils appartiennent au gouvernement ou qu’ils soient fonctionnaires ou agents publics, membres de la société civile et politique, du monde de l’entreprise et des affaires, ou de la diaspora, doivent unir leurs forces et s’attaquer (avec une aide bien coordonnée et généreuse des bailleurs de fonds) à rien de moins que la construction d’un pays meilleur, plus prospère et plus sûr. Ce résultat ne peut être obtenu qu’au moyen d’une stratégie intégrée de reconstruction à long terme, fondée sur un consensus politique et social très large prenant également en compte un certain nombre de questions pressantes, d’ordre politique et liées à la stabilisation. Au nombre de celles-ci figurent l’élaboration d’un consensus quant à ce qu’il convient de faire en relation avec le report des élections législatives, les réformes constitutionnelles engagées et  le prochain scrutin présidentiel, mais également du rétablissement de la sécurité, la restauration de l’état de droit, notamment dans la capitale, et la réponse aux besoins socio-économiques immédiats, de manière à atténuer les graves difficultés rencontrées par la population. Un mécanisme de financement transparent et responsable, reposant sur une multiplicité de donateurs, et une structure d’exécution sous la tutelle de l’État haïtien, doivent être créés.

La communauté internationale, y compris la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le groupe des amis et les principaux donateurs, doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour soutenir un processus de relèvement et de reconstruction qui doit être dirigé et contrôlé par les haïtiens. Cela suppose qu’il faudra surmonter les problèmes de coordination de l’aide rencontrés par le passé et implique à la fois une répartition efficace de l’assistance technique et un décaissement rapide des fonds. Les actions de l’État, de la MINUSTAH et du système des Nations Unies, ainsi que des donateurs impliqués dans la réponse d’urgence, la stabilisation après la catastrophe et la reconstruction sont toutes nécessaires, et urgentes.

Le résultat de la conférence de New York devrait être la décision de reconstruire Haïti en mieux, et devrait inclure un engagement commun à une reconstruction sur au moins une décennie, ainsi que des promesses de dons, dans le cadre d’un premier tour de table, à la hauteur de la catastrophe survenue et de la tâche à venir. Le défi est considérable, mais le moment est venu de sortir Haïti de la poussière et des gravas et d’en faire une nation moins vulnérable et plus équitable. Il ne faut pas laisser passer cette occasion.

Port-au-Prince/Bogota/Bruxelles, 31 mars 2010

Résumé

Le tremblement de terre ayant frappé Haïti a entraîné de gigantesques dévastations qui menacent la stabilité politique et socio-économique, et suscitent d’énormes défis en termes de relèvement et de reconstruction. Faiblesses institutionnelles et de la gouvernance, et grande pauvreté aggravent une crise humanitaire majeure, qui pourrait devenir difficile à contrôler si l’environnement de sécurité se détériorait encore à l’approche des saisons des pluies et des ouragans. La catastrophe a entraîné le report des élections législatives et jeté l’incertitude sur la réalisation, en fin d’année, des élections présidentielles, comme prévu par le calendrier constitutionnel. Après la mi-mai, la législature aura achevé son mandat, et le pays sera privé d’élé­ments essentiels de son anatomie institutionnelle. Il revient donc au gouvernement de se tourner désormais vers la société civile, politique et économique pour forger un consensus solide quant à la manière de préserver la démocratie jusqu’aux élections sans sacrifier la capacité des élus au pouvoir à prendre des décisions difficiles et urgentes concernant la reconstruction. Ce pacte doit être fondé sur une stratégie à long terme sous tutelle haïtienne soutenue par l’ensemble des secteurs de la société et de la communauté internationale, et doit tenir compte du rétablissement de la sécurité et de l’état de droit.

Haïti se remettait à peine des ouragans de 2008, qui avaient laissé dans leur sillage 800 morts et plus de 1 milliard USD de dégâts, lorsque, le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de 7.0 sur l’échelle mobile de Richter est survenu. La catastrophe a fait, d’après les estimations, 250 000 morts, parmi lesquels des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des représentants et agents des Nations Unies. À cela, il faut ajouter 300 000 blessés et 1,5 million de personnes déplacées, dont la moitié a fui vers d’autres provinces et villes qui n’étaient pas prêtes à les recevoir. Le tremblement de terre a engendré des coûts de reconstruction d’urgence estimés à 11,5 milliards USD, et a détruit plus de 80 % de Port-au-Prince, plusieurs villes et villages environnants, les sièges des trois pouvoirs de l’État, 15 des 17 ministères, 45 % des commissariats de police et un certain nombre de tribunaux.

Plus de deux mois et demi après le tremblement de terre, alors que les autorités haïtiennes et les bailleurs de fonds se réunissent à New York, le 31 mars, pour une conférence de première importance sur la stratégie de reconstruction, des centaines de milliers de citoyens haïtiens demeurent confrontés à des difficultés extrêmement éprouvantes et à une criminalité et des violences, notamment sexuelles, croissantes, dans des abris de fortune, organisés spontanément, dans Port-au-Prince. De nombreux autres se trouvent encore aux endroits qui les ont accueillis après la catastrophe, quoi qu’ils ne soient pas en mesure de leur offrir les moyens de subvenir à leurs besoins.

Les Haïtiens, qu’ils appartiennent au gouvernement ou qu’ils soient fonctionnaires ou agents publics, membres de la société civile et politique, du monde de l’entreprise et des affaires, ou de la diaspora, doivent unir leurs forces et s’attaquer (avec une aide bien coordonnée et généreuse des bailleurs de fonds) à rien de moins que la construction d’un pays meilleur, plus prospère et plus sûr. Ce résultat ne peut être obtenu qu’au moyen d’une stratégie intégrée de reconstruction à long terme, fondée sur un consensus politique et social très large prenant également en compte un certain nombre de questions pressantes, d’ordre politique et liées à la stabilisation. Au nombre de celles-ci figurent l’élaboration d’un consensus quant à ce qu’il convient de faire en relation avec le report des élections législatives, les réformes constitutionnelles engagées et  le prochain scrutin présidentiel, mais également du rétablissement de la sécurité, la restauration de l’état de droit, notamment dans la capitale, et la réponse aux besoins socio-économiques immédiats, de manière à atténuer les graves difficultés rencontrées par la population. Un mécanisme de financement transparent et responsable, reposant sur une multiplicité de donateurs, et une structure d’exécution sous la tutelle de l’État haïtien, doivent être créés.

La communauté internationale, y compris la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le groupe des amis et les principaux donateurs, doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour soutenir un processus de relèvement et de reconstruction qui doit être dirigé et contrôlé par les haïtiens. Cela suppose qu’il faudra surmonter les problèmes de coordination de l’aide rencontrés par le passé et implique à la fois une répartition efficace de l’assistance technique et un décaissement rapide des fonds. Les actions de l’État, de la MINUSTAH et du système des Nations Unies, ainsi que des donateurs impliqués dans la réponse d’urgence, la stabilisation après la catastrophe et la reconstruction sont toutes nécessaires, et urgentes.

Le résultat de la conférence de New York devrait être la décision de reconstruire Haïti en mieux, et devrait inclure un engagement commun à une reconstruction sur au moins une décennie, ainsi que des promesses de dons, dans le cadre d’un premier tour de table, à la hauteur de la catastrophe survenue et de la tâche à venir. Le défi est considérable, mais le moment est venu de sortir Haïti de la poussière et des gravas et d’en faire une nation moins vulnérable et plus équitable. Il ne faut pas laisser passer cette occasion.

Port-au-Prince/Bogota/Bruxelles, 31 mars 2010

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