Report / Latin America & Caribbean 2 minutes

Drogues d’Amérique latine II : vers de meilleures politiques antinarcotiques

Les politiques mises en œuvre depuis une dizaine d’années pour arrêter les flots de cocaïne qui déferlent depuis les pays andins, Colombie, Pérou et Bolivie, sur les deux principaux marchés de consommateurs, les États-Unis et l’Europe, se sont avérées insuffisantes et inefficaces.

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Synthèse

Les politiques mises en œuvre depuis une dizaine d’années pour arrêter les flots de cocaïne qui déferlent depuis les pays andins, Colombie, Pérou et Bolivie, sur les deux principaux marchés de consommateurs, les États-Unis et l’Europe, se sont avérées insuffisantes et inefficaces. La disponibilité et la demande de cocaïne sont généralement restées stables aux États-Unis et elles sont en augmentation en Europe. La consommation dans les pays de transit en Amérique latine, en particulier l’Argentine, le Brésil et le Chili, est elle aussi en augmentation. Des politiques antinarcotiques déficientes entraînent également des dommages collatéraux considérables en Amérique latine : elles portent atteinte au soutien dont pourraient bénéficier les gouvernements démocratiques dans certains pays, ébranlent la gouvernance et les priorités sociales dans d’autres, sont trop souvent à l’origine de violations des droits humains et alimentent les conflits armés et/ou sociaux en Colombie, en Bolivie et au Pérou. Il est indispensable et urgent de procéder à une évaluation globale des politiques antinarcotiques en vigueur et d’établir un nouveau consensus sur l’équilibre entre les approches qui privilégient l’application stricte de la loi et celles qui insistent plutôt sur le développement alternatif et la réduction des méfaits de la drogue.

Les politiques anti-narcotiques comme le Plan Colombie américano-colombien ou la Stratégie antidrogue de l’Union européenne (UE) n’ont pas su trouver le mélange efficace entre mesures de réduction de l’offre et de la demande. Alors que des deux côtés de l’Atlantique la majeure partie des fonds antidrogue est investie dans le contrôle du problème de la drogue dans un pays donné, ni l’approche de Washington fondée sur le strict respect des lois ni l’approche de Bruxelles centrée sur la santé publique (qui ne fait pas l’unanimité parmi les États membres de l’UE) ne sont parvenues à réduire la consommation de cocaïne de façon significative. La coordination politique entre les États-Unis, l’Europe et l’Amérique latine est gravement entravée d’une part par des différences marquées à la fois sur la meilleure manière de faire face au problème de la drogue en général et sur la façon de limiter la production de cocaïne, et d’autre part par des querelles politiques sur d’autres sujets.

Tandis que les États-Unis gèrent dans les pays producteurs des Andes des programmes de réduction de l’offre, en particulier en essayant d’éradiquer les cultures de coca par l’épandage aérien en Colombie mais aussi en investissant des sommes considérables dans le développement alternatif, les Européens contribuent à plus petite échelle à la création d’activités génératrices de revenus alternatives et au renforcement des institutions. L’interdiction du transport maritime de drogue et l’application stricte de la loi dans de nombreux pays de transit sont des éléments relativement importants de la politique américaine. L’Europe tente pour sa part de surveiller ses frontières et souffre d’une mauvaise coopération en matière d’application de la loi au sein-même de l’UE.

En l’absence d’une meilleure coordination entre les autorités chargées de la lutte antidrogue sur les trois continents, des narco-organisations transnationales fort efficaces et sophistiquées s’adaptent rapidement et continuent de trouver des moyens d’approvisionner les marchés les plus lucratifs de la planète. Les dommages causés par ces organisations sont accentués par les relations symbiotiques qu’elles entretiennent avec les groupes armées clandestins, notamment et de manière spectaculaire avec les insurgés et les nouveaux groupes qui se sont multipliés suite au désarmement des paramilitaires en Colombie.

Crisis Group a mené une étude sur le sujet qui se divise en deux rapports complémentaires publiés simultanément. Le premier rapport, Drogues d’Amérique latine I : une bataille perdue, examine l’étendue du problème et étudie notamment la culture et le trafic de drogue. Le présent rapport analyse les politiques ainsi que leurs conséquences sociales et politiques et émet des recommandations politiques.

Bogota/Bruxelles, 14 mars 2008

Executive Summary

The policies of a decade or more to stop the flow of cocaine from the Andean source countries, Colombia, Peru and Bolivia, to the two largest consumer markets, the U.S. and Europe, have proved insufficient and ineffective. Cocaine availability and demand have essentially remained stable in the U.S. and have been increasing in Europe. Use in Latin American transit countries, in particular Argentina, Brazil and Chile, is on the rise. Flawed counter-drug polices also are causing considerable collateral damage in Latin America, undermining support for democratic governments in some countries, distorting governance and social priorities in others, causing all too frequent human rights violations and fuelling armed and/or social conflicts in Colombia, Bolivia and Peru. A comprehensive shared policy reassessment and a new consensus on the balance between approaches emphasising law enforcement and approaches emphasising alternative development and harm reduction are urgently required.

Counter-drug policies such as the U.S.-Colombian Plan Colombia and the European Union (EU) Drugs Strategy have not found an effective mix of supply and demand reduction measures. While on both sides of the Atlantic the lion’s share of counter-narcotics funds are invested in controlling the drug problem at home, neither the Washington law-enforcement orientation nor the Brussels public health orientation (which is not homogeneously shared across the EU) has significantly reduced cocaine use. Policy coordination between the U.S., Europe and Latin America is severly hampered by the marked differences on both how best to address the world’s overall drug problem and how to reduce cocaine supply, as well as by unrelated political disputes.

While the U.S. runs large supply reduction programs in the Andean source countries, in particular seeking to eradicate coca crops through aerial spraying in Colombia but also investing considerable money in alternative development, the Europeans contribute on a smaller scale to the establishment of alternative livelihoods and strengthening of institutions. Drug-shipment interdiction and law enforcement in many of the transit countries are relatively major elements of U.S. policy, while Europe attempts to guard its borders closer to home and suffers from inadequate law enforcement cooperation within the EU.

In the absence of better coordination between counter-drug authorities on the three continents, highly efficient and sophisticated transnational trafficking organisations adapt rapidly and continue to find ways to cater to the world’s most lucrative markets. The harm they do is multiplied by their symbiotic relationships with illegal armed groups, most spectacularly the insurgents and the new groups that have sprung up following disarmament of the paramilitaries in Colombia.

Crisis Group’s detailed study is divided into two complementary reports published simultaneously. The first, Latin American Drugs I: Losing the Fight, principally examines the scope of the problem, including a detailed examination of cultivation and trafficking. This report analyses policies and their political and social ramifications and presents policy recommendations.

Bogotá/Brussels, 14 March 2008

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