L'accord sur le nucléaire iranien : la première étape d'un long parcours
L'accord sur le nucléaire iranien : la première étape d'un long parcours
Iran: Gaza, “Axis of Resistance” and Nuclear Calculations
Iran: Gaza, “Axis of Resistance” and Nuclear Calculations
Statement / Middle East & North Africa 2 minutes

L'accord sur le nucléaire iranien : la première étape d'un long parcours

L'International Crisis Group se réjouit de l'accord signé ce 24 novembre entre l'Iran et le P5+1 (les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU, plus l'Allemagne). Cet accord, qui reflète un compromis que l'International Crisis Group appelle de ses vœux depuis longtemps, montre que la diplomatie peut être efficace lorsqu'elle s'exerce dans un esprit constructif.

Bien qu'il ne s'agisse que d'une première étape, l'accord a d'importantes implications. En particulier, l'Iran s'engage à geler certaines composantes de son programme nucléaire (son stock d'uranium faiblement enrichi, le nombre de ses centrifugeuses et son réacteur à eau lourde pressurisée d'Arak) ; à en faire reculer d'autres (son stock d'uranium à taux plus élevé) ; et à se soumettre à des inspections plus contraignantes. Le tout rend quasiment impossible un sprint iranien en vue d'acquérir des capacités nucléaires sans que la communauté internationale puisse s'en rendre compte. De son côté, Téhéran bénéficie d'un allègement concret des sanctions économiques et humanitaires, la garantie que l'Iran ne sera pas pour le moment soumis à de nouvelles mesures punitives ainsi que l'approbation implicite de l'enrichissement d'uranium de façon transparente et contrôlée sur son sol.

La signature d'un accord final représentera un processus beaucoup plus complexe et laborieux. Pour optimiser les chances de succès dans les mois à venir, les parties devront mettre en œuvre les mesures signées ce 24 novembre, s’engager à respecter les objectifs à long terme établis conjointement, et œuvrer à préserver le climat actuel.

Les principaux détracteurs de l'accord craignent un effondrement du système de sanctions patiemment mis en place. Ils estiment que l'Iran est parvenu à assurer la pérennité de son programme nucléaire et que cela ne pourra que l'encourager à intensifier ses activités régionales. Mais ils ne proposent aucune autre solution. En l'absence de cet accord, Téhéran accélèrerait très certainement son programme nucléaire, laissant l'Occident face à deux options, l'une aussi périlleuse que l'autre : accepter cette accélération ou se lancer dans une confrontation militaire aux conséquences incertaines et dangereuses.

Ceci n'est pas une raison pour se bercer d'illusions. Les négociations se sont focalisées sur la question nucléaire, mais le nœud du problème n'est pas technique et l'objectif n'est pas uniquement d'aboutir à un accord de contrôle des armements. La véritable question est celle, éminemment géopolitique et stratégique, de la place et du rôle régionaux de l'Iran. C'est là que résident à la fois le défi primordial et les principaux trouble-fêtes potentiels, qu'ils viennent d'Israël, du Golfe, d'Europe, des Etats-Unis ou, bien entendu, d'Iran.

Un accord durable entre l'Iran et l'Occident sur la question du nucléaire n'est envisageable qu'accompagné d'avancées significatives sur les dossiers stratégiques, et notamment la résolution des divers conflits qui menacent le Moyen-Orient. Cela n'est nulle part plus urgent qu'en Syrie où l'ingérence militaire iranienne s'est approfondie. A lui tout seul, un accord sur la question du nucléaire n'apaisera pas les tensions au Moyen-Orient ; au contraire, réduire ces tensions doit aller de pair avec des avancées sur le dossier nucléaire. Défi de taille, certes, mais qui doit être relevé afin que l’accord du 24 novembre donne lieu à de plus importants progrès.

Bruxelles / Genève

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