«L’Etat islamique occupe un vide qui ne cesse de grandir dans la région»
«L’Etat islamique occupe un vide qui ne cesse de grandir dans la région»
Interview / Middle East & North Africa 13 minutes

«L’Etat islamique occupe un vide qui ne cesse de grandir dans la région»

Mediapart: En Syrie, en Irak, la progression des djihadistes de l’EI continue de mettre à nu la vacuité des choix de la coalition internationale. Longtemps en poste à Damas, Peter Harling, de l'International Crisis group, analyse ce fiasco comme une absence de stratégie, non pas militaire, mais de reconstruction du pays. « On ne se pose pas le problème du jour d’après », estime le chercheur.

Peter Harling: C'est une victoire importante, comme le fut la reconquête de la ville de Kobane : les forces kurdes syriennes PYG ont pris, mardi 16 juin, le contrôle de Tal Abyad, point de transit entre la Syrie et la Turquie crucial pour les djihadistes de l’Etat islamique (EI), dont le fief de Raqqa, est situé à 86 km au sud. Lundi soir, les forces kurdes contrôlaient « la quasi-totalité de la ville », où seuls quelques combattants de l’EI constituaient de « petites poches de résistance », indique l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Dans la lutte contre l’État islamique (EI), l’obsession de la victoire militaire est-elle cependant la cause de tous les maux ? La progression des djihadistes de l’EI en Syrie et en Irak continue d’occuper la Une des médias et de mettre en évidence la vacuité des choix de la coalition internationale, mise en place il y a un an déjà. Dans ce contexte incertain, que peut-on encore attendre de l’armée irakienne, largement démantelée et inefficace ? Le régime syrien, qui continue de jeter des barils d’explosifs sur sa propre population, est-il menacé à terme par l'EI, de même que celui de Bagdad ?

Longtemps en poste à Damas, Peter Harling est conseiller spécial en charge du Moyen-Orientpour le think tank International Crisis group. Il analyse le fiasco en Irak comme une absence de stratégie, non pas militaire, mais de reconstruction du pays, et redoute que le conflit syrien ne se prolonge encore de plusieurs années. « On ne se pose pas le problème du jour d’après, estime le chercheur. Tous les acteurs, États-Unis, gouvernement irakien, Iran, sont impliqués dans cette fuite en avant, qui permet de ne jamais faire le bilan du vide politique. Ce même vide politique qui, justement, favorise l’émergence de l’État islamique. » Entretien.

Depuis la chute de Ramadi (Irak) et de Palmyre (Syrie) en mai, de nombreux articles font état de l’envoi massif de combattants iraniens aux côtés de l'armée syrienne, offrant l’image d’un régime iranien tentant à tout prix de sauver son allié à Damas, face à la double poussée de l’État islamique et des rebelles. Quel sens donnez-vous à cette stratégie iranienne en Syrie ?

Je crois que les commentateurs vont un peu vite. Il n’y a aucune certitude à ce jour sur l’envoi massif de combattants depuis l’Iran. Ce qui est clair, c’est que depuis un certain temps maintenant, le régime syrien a atteint ses limites. Il a utilisé l’ensemble des systèmes d’armement à sa disposition face à l’opposition, et a mobilisé sa base sociale au maximum. Déjà fragiles au début du conflit, ses institutions s’affaiblissent au fil du temps, et ses alliés doivent donc compenser ces défaillances croissantes du régime. C’est ce qui explique d’ailleurs le rythme du conflit. Le régime peut engranger un certain nombre de victoires quand ses alliés lui fournissent les ressources nécessaires pour le faire. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir dans quelle mesure ces alliés souhaitent, et sont capables de compenser les défaillances d’Assad. Or je ne suis pas sûr que cette décision ait été prise, ou en tout cas, qu’elle se manifeste sur le terrain.

Bien que ce conflit soit extraordinairement destructeur, il est important d’ajouter qu’il mobilise relativement peu de combattants. Bien souvent, il implique quelques dizaines de combattants d’un côté comme de l’autre, autour d’un check-point ou de la prise d’un quartier. Une injection de quelques centaines de combattants, venus du Liban ou d’Iran, peut faire la différence dans une zone donnée.

Troisième élément important : si le régime a atteint un seuil, l’opposition, en revanche, peut encore monter en puissance. Elle dispose d’une réserve de combattants plus importante, notamment tous les jeunes réduits à l’indigence et qui rejoignent le combat comme un métier. Les États qui soutiennent cette opposition collaborent davantage, alors qu’ils ont été jusque-là ambivalents et divisés, et on voit ainsi l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie travailler de manière plus cohérente, ce qui peut aboutir à des résultats concrets sur le terrain. En outre, en termes d’armement, l’opposition a toujours eu les mains liées par son sous-équipement. Là encore, il y a un potentiel de montée en puissance.

Nous sommes tout de même dans un moment particulier du point de vue de la stratégie de l’Iran et de ses alliés. Le 10 juin, le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, s'est notamment exprimé sur la situation dans la région de Qalamoun et sur le combat face à l’État islamique. Selon vous, cela n’indique pas encore que l’Iran a fait le choix de tout faire pour sauver le régime d’Assad ?

Mais l’Iran n’a pas le choix : il n’a pas d’alternative pour préserver ses intérêts régionaux. Les Iraniens sont donc condamnés à en faire toujours plus, mais avec un retour décroissant sur leur investissement. Le régime syrien constitue une sorte de gouffre, dans lequel il faut déverser toujours plus de ressources. Un peu comme un investissement catastrophique dans une société qui va toujours plus mal. Les alliés du régime de Damas doivent donc miser sur d’autres facteurs de changement et de victoire dans ce conflit, comme un éventuel rapprochement avec les États-Unis ou un sursaut en Occident à la faveur de l’émergence de l’État islamique, qui représenterait une menace plus « sérieuse » que le régime.

L’idée que le régime syrien puisse remporter une victoire décisive sur le terrain est illusoire, et ses alliés s’en rendent compte. Pour eux, il s’agit de tenir une année ou deux, le temps que les dynamiques régionales changent.

De toute façon, pour ce qui est de la présence des combattants sur le terrain, on le saura très vite, avec le nombre de cadavres renvoyés en Iran, et les funérailles des combattants. Si c’est le cas, ce sera un changement important, car jusqu’à aujourd’hui, l’Iran n’a jamais payé le prix de ses positions en Syrie.

À quoi faites-vous allusion ?

La politique étrangère iranienne semble être devenue un facteur de légitimation en Iran auprès d’une base sociale assez large, y compris au sein d’Iraniens qui, historiquement, étaient assez hostiles à la République islamique. Le Hezbollah, la lutte contre Israël et le soutien au régime syrien n’étaient pas, jadis, vus de manière positive par beaucoup d’Iraniens. Il apparaît au contraire qu’aujourd’hui, l’idée que l’Iran a pu s’imposer à travers sa logique de résistance et sa détermination comme une puissance régionale dans le monde arabe, mais aussi face aux États-Unis, et que Téhéran ait pu contraindre Washington à s’engager dans des négociations pour trouver une solution face au programme nucléaire… tout cela est une source de fierté pour beaucoup d’Iraniens. Mais cela joue tant que n’émerge pas le sentiment que l’Iran s’est engagé dans un bourbier, qui entraînerait un certain nombre de victimes iraniennes.

En ce qui concerne l’Irak, la situation n’est pas non plus limpide, car l’on voit que les milices liées à Téhéran protègent surtout la frontière entre les deux pays, et ne combattent pas toujours l’État islamique. Comment comprenez-vous cette stratégie iranienne en Irak ?

Je ne crois pas justement que l’on puisse considérer qu’il existe une stratégie iranienne à proprement parler. Quand le régime de Saddam Hussein a été renversé, en 2003, l’Iran a pu se projeter en territoire irakien en soutenant un certain nombre d’acteurs, et pas seulement les miliciens, en essayant aussi de changer son image, forgée pendant la guerre entre les deux pays entre 1980 et 1988. L’Iran a ouvert ses frontières pour faciliter les allées et venues des Irakiens, pour qu’ils découvrent le pays, et pour encourager les échanges commerciaux. Pendant un certain temps, l’Iran a paru jouer un jeu de long terme, et construire de bonnes relations avec l’Irak.

Mais dans le même temps, l’Iran avait tout intérêt à ce que l’Irak ne puisse pas se reconstruire comme une puissance arabe, nationaliste et agressive. Une composante de la posture iranienne était donc d’éliminer un certain nombre d’individus qui lui posaient problème, et notamment les pilotes de l’ex-aviation irakienne. On assistait alors à une posture iranienne relativement sophistiquée, subtile, complexe.

Depuis quelque temps, on voit les Iraniens se contenter de déverser des armes et de l’argent au bénéfice de milices extrêmement ambiguës. Beaucoup d’entre elles proclament leur allégeance à l’Iran, certains de leurs chefs se félicitent à la télévision irakienne de la fusion entre l’Irak et l’Iran. Mais aucune de ces milices n’est en mesure de proposer de solution crédible aux problèmes que pose l’État islamique. Elles sont par ailleurs composées d’une jeunesse et de milices qui sont le produit de l’embargo ayant pesé sur l’Irak tout au long des années 1990. Beaucoup de ces jeunes n’ont pas d’autre perspective de réalisation de soi. Un grand nombre d’entre eux sont par ailleurs des criminels ou des cas sociaux. Ces milices vont poser un vrai problème au sein de l’Irak le jour où les combattants rentreront chez eux, qu’ils aient avancé contre l’État islamique ou, au contraire, qu’ils aient été défaits.

Ce phénomène se développe aujourd’hui au nom de l’Iran. Et l’Irak est devenu, à mesure que les États-Unis se retiraient du pays, une sorte de projet iranien. Car il n’y a pas d’autre acteur majeur. La Turquie joue certes un rôle dans le nord de l’Irak, mais le reste est largement sous influence iranienne. On voit par exemple des portraits de l’ayatollah Khamenei partout dans Bagdad. Et en même temps, l’Iran n’est pas véritablement en mesure d’accomplir quoi que ce soit.

L’Iran sera donc associé à l’échec de la campagne en cours contre l’État islamique.

Qu’est-ce qui peut changer cette perspective d’échec face à l’EI ? Considérez-vous qu’il faille désormais, comme l’explique cette semaine le chercheur d’Harvard Stephen Walt dans Foreign Policy, s’habituer à vivre avec et le contenir plutôt que de prétendre pouvoir le vaincre à tout prix ?

Pour vous répondre, il suffit de regarder les choses en pratique : nous avons assisté en mars à une bataille pour arracher à l’EI la ville de Tikrit, au nord de Bagdad. Et de fait, l’EI a été repoussé en dehors de Tikrit, ou du moins a souhaité l’abandonner pour limiter ses pertes. Mais il faut se poser la question de la situation qui prévaut aujourd’hui à Tikrit. Car il n’y a eu aucune forme de normalisation, de restitution d’une présence des services étatiques, d’un appareil de sécurité. C’est une ville qui demeure extrêmement dangereuse. Le pont qui permet d’y accéder n’a jamais été reconstruit, et je ne pense même pas que les autorités en discutent ! Toute la population déplacée n’a pas pu revenir chez elle, après que la ville a été en partie détruite et pillée.

Cela fait donc des semaines que l’on se désintéresse de cette question pour mieux se concentrer sur Ramadi, à l’ouest de l’Irak, où apparemment combattre l’État islamique serait une urgence absolue. Et même si Ramadi est reprise, on verra certainement le même phénomène qui a lieu en ce moment à Tikrit.

On ne se pose pas le problème du jour d’après. Tous les acteurs, États-Unis, gouvernement irakien, Iran, sont impliqués dans cette fuite en avant, qui permet de ne jamais faire le bilan du vide politique en termes de gouvernance. Ce même vide politique qui, justement, favorise l’émergence de l’État islamique. Et entre-temps, on détruit toujours plus de villes et de quartiers, on met toujours plus de gens sur les routes. Ce qui constitue un terreau pour l’État islamique.

La priorité devrait donc être la reconstruction de l’Irak, plutôt que la menace de l’État islamique.

Mais évidemment... Enfin, la reconstruction de l’État irakien, c’est un peu illusoire, mais ce qui est important, c’est la restitution d’un pouvoir local, à l’échelon d’une ville comme Tikrit. Les combats militaires à Tikrit n’auront servi à rien, et auront même des conséquences néfastes, sans stratégie pour la normalisation du quotidien.

Et si cette stratégie n’existe pas, c’est parce que l’ensemble des acteurs n’y prête aucune importance, qu’il s’agisse des élites sunnites détachées de leur base, de l’Iran, en passant par les États-Unis et la coalition contre l’EI – qui réunit quand même 60 pays – pour mettre en œuvre une guerre contre le terrorisme, mais sans vraiment parvenir à définir des cibles. C’est une guerre qui est menée sur le mode des relations publiques. Tout le monde utilise la menace de l’État islamique pour continuer à faire la même chose et faire diversion par rapport aux problèmes du quotidien des Irakiens, qui s’accumulent et contribuent à l’essor de l’EI.

En Syrie, depuis les hésitations d’Obama au moment de l’attaque à l’arme chimique du régime contre la Ghouta orientale à l’été 2012, les États-Unis paraissent dépassés. À l'inverse, la meilleure coordination entre l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie dans l’aide aux rebelles a contribué à modifier le rapport de force sur le terrain. Les rebelles ont notamment repris la région d’Idlib. En quoi cette progression menace-t-elle, selon vous, le régime à terme ?

En Syrie, les États-Unis ont avant tout pour objectif de tout faire pour ne pas se laisser entraîner dans le conflit, pour ne pas être contraints de formuler une quelconque politique sur ce dossier. En Irak, il s’agit pour Washington de continuer à prétendre qu’il existe un État irakien pouvant servir de partenaire, et que nous sommes dans un processus de construction étatique, qui a certes connu quelques ratés, mais qui est toujours en cours. Cela devient évidemment de plus en plus difficile de faire croire cela à qui que ce soit, mais l’administration Obama s’obstine à envoyer des troupes pour former une armée irakienne, qui a disparu pour l’essentiel au profit de milices que les États-Unis soutiennent néanmoins. Et alors même que ces milices viennent miner l’institution militaire que les États-Unis prétendent remettre en route. Il s’agit, là encore, de relations publiques, de tenter de tenir ces conflits à distance, et d’en faire le moins possible.

Entre-temps, en Syrie, on voit effectivement une meilleure coordination du soutien à l’opposition, alors que par le passé, les désaccords entre ces soutiens ont favorisé les divisions au sein de cette opposition. Mais il est trop tôt pour voir cette évolution donner des résultats sur le terrain qui représenteraient une menace décisive pour le régime.

Le grand argument du régime d’Assad est de se poser en ultime barrage contre le terrorisme. Et de fait, outre l’État islamique, l’émergence des djihadistes d’Al-Nosra au sein de l’opposition vient en appui de cette rhétorique. Ceux-ci ont par exemple tué 20 villageois druzes mercredi 10 juin. Cet argument peut-il faire la différence en faveur du régime d’Assad ?

Dès le premier jour, le régime a reformulé le conflit qui l’opposait à une partie de sa population, et plus tard à un certain nombre d’ennemis extérieurs, en une lutte entre un régime qui se dit séculier, et un adversaire qu’il voudrait voir comme exclusivement djihadiste. Jusqu’à ce jour, par exemple, le régime a eu tendance à bombarder avec des barils d’explosifs les zones qui sont occupées par l’opposition à dominante syrienne, de préférence à celles occupées par des djihadistes à dominante étrangère. Ce régime a misé sur l’exacerbation du djihadisme pour consolider le soutien de sa propre base, et pour tabler sur un changement d’humeur, de cap, en Occident et ailleurs.

Petit à petit, le régime, en réprimant un mouvement populaire qui avait des racines très profondes et une base très large, a créé une situation sans issue. Les violences qu’il a commises, la destruction d’un appareil d’État fragile, la radicalisation d’une partie de la société… créent un certain nombre de problèmes pour lequel le régime n’a aucune solution. Il n’a plus d’argument et s’est enfermé dans celui de la lutte contre le terrorisme. Et dans cette logique, il ira jusqu’au bout.

Ce « storytelling » du régime syrien peut-il seulement s’avérer efficace ?

Mais il a déjà été efficace, et on le voit avec la posture américaine. La Maison Blanche ne voit comme ennemi que l’État islamique et Jabhat Al-Nosra, et refuse toute confrontation avec le régime. Elle accepte même d’apparaître comme un allié de fait de ce régime, quand celui-ci bombarde des quartiers immédiatement après des frappes américaines contre l’État islamique, justement pour effacer toute différence entre leurs logiques. Et la Maison Blanche parle justement, en privé, de « désescalade » avec ce régime.

Vu toutes les horreurs commises par le régime ces quatre dernières années (ce qui n’enlève rien, du reste, à celles commises par l’opposition), il est pourtant très difficile d’amorcer un rapprochement avec Bachar al-Assad. L’autre problème, c’est que tout le monde réalise aujourd’hui que le régime a assez peu à offrir. Ses institutions sont extrêmement affaiblies, sa relation avec l’immense partie de sa propre société est impossible à réparer. Par conséquent, pourquoi payer le prix d’un tel rapprochement ?

L’horizon n’est donc constitué que d’une partition de fait du pays ?

Non, car celle-ci ne réglera rien, surtout dans une société où les composantes sont très imbriquées. En Syrie, comme en Irak d’ailleurs, les communautés ne sont pas homogènes. Nous ne sommes pas près de voir une issue au conflit, nous entrons simplement dans une nouvelle phase. Je continue d’ailleurs de faire confiance dans la capacité de la société syrienne à surmonter cette violence et cette haine, le moment venu, quand tous les acteurs extérieurs cesseront d’entretenir le conflit.

Que répondez-vous à ceux qui craignent que l’État islamique ne prenne Damas, et même Bagdad ?

C’est une fumisterie. L’État islamique ne fait qu’occuper un vide qui croît dans la région. Il n’est pas capable de s’étendre dans des zones où il fait face à une résistance locale importante, comme en zone kurde par exemple. L’État islamique peut occuper des zones que d’autres acteurs abandonnent, comme au nord-est de la Syrie, que le régime a choisi de déserter. En Irak, le vide s’est créé en raison de la corruption, de l’incompétence, du cynisme au sein de l’appareil d’État. L’État islamique n’a aucune chance de prendre une ville comme Bagdad ou comme Damas dans le contexte actuel, parce qu’il s’y trouve des forces motivées pour se battre.

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