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Darfour: Le Partenariat Ue/Ua N’est Pas Encore Un Duo Gagnant

L’intervention de l’Union africaine (UA) dans la région du Darfour, au Soudan, permet de tester son efficacité en matière de paix et de sécurité ainsi que celle de l’Union européenne (UE).

Synthèse

L’intervention de l’Union africaine (UA) dans la région du Darfour, au Soudan, permet de tester son efficacité en matière de paix et de sécurité ainsi que celle de l’Union européenne (UE). L’UA a pris la tête des négociations politiques entre le gouvernement et les rebelles, et a été la première à déployer une mission d’observation du cessez-le-feu, la mission de l’UA au Soudan (MUAS). Elle a dû faire appel à un soutien extérieur pour la MUAS, dont presque deux tiers du financement proviennent de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique de l’UE. Les résultats sont mitigés. Pour que le Darfour retrouve la stabilité dans un avenir proche, et si les deux organisations régionales souhaitent atteindre leurs ambitions de devenir des acteurs majeurs dans la prévention et la résolution des conflits, la MUAS doit être dotée d’effectifs plus importants et d’un mandat de protection civile plus audacieux. Pour sa part, l’UE doit trouver le moyen de dépasser les limites que la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique impose à son assistance.

La relation entre l’UE et l’UA au Darfour s’intensifie rapidement. Cette relation est généralement fructueuse d’un point de vue technique (encore que la coordination au sein de chaque organisation et entre celles-ci pourrait être grandement améliorée) et elle a jeté les bases d’une coopération plus grande entre Addis Abeba et Bruxelles. Cependant, la situation sécuritaire se dégrade. Aucune des parties ne respecte tout à fait le cessez-le-feu et le processus politique est en panne. Crisis Group persiste à penser que les effectifs sur le terrain au Darfour doivent être augmentés à 12-15 000 hommes immédiatement afin d’assurer la sécurité nécessaire pour protéger les populations civiles, encourager les personnes déplacées à commencer à rentrer chez elles et établir les conditions favorables à des négociations productives vers un règlement politique.

Nous avons déjà dit qu’une force sous le commandement de l’OTAN serait le moyen le plus pratique de procéder à un tel déploiement.[fn]Voir Crisis Group, Briefing Afrique n°28, The AU's Mission in Darfur: Bridging the Gaps, 6 juillet 2005.
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 Malheureusement, ni l’OTAN ni l’UA ne semblent prêts à envisager une mesure si radicale. Une autre option possible, actuellement à l’étude, consisterait à intégrer la MUAS dans la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS), créée en mars 2005 pour appuyer la mise en œuvre de l’Accord de paix global (APG) entre Khartoum et le Mouvement/Armée de libération du peuple soudanais (SPLA). La MINUS ainsi modifiée serait probablement plus efficace pour mener de front deux opérations de maintien de la paix dans un seul pays et donner une base financière plus solide aux opérations au Darfour, et elle offrirait un potentiel en hommes plus important qu’il ne l’est à présent. Mais la planification et le déploiement d’une telle mission prendrait des mois et l’UA est pour le moment réticente à renoncer à mener ses propres opérations au Darfour.

Crisis Group estime que les options relatives aux Nations unies et à l’OTAN doivent être envisagées plus sérieusement. Le présent rapport se concentre sur ce qui peut et devrait être fait pour répondre aux besoins du Darfour dans le cadre des arrangements actuels entre les organisations, y compris le maintien de la MUAS, et pour l’appui financier qui provient principalement d’Europe.

Dans ce contexte, le besoin le plus pressant est de rattraper le retard et de porter les effectifs de la MUAS au nombre prévu (7 331 hommes) et de la rendre plus efficace dans les limites de son mandat actuel. Au-delà, la MUAS doit de toute urgence être élargie et sa puissance militaire être augmentée dans le cadre d’un mandat de protection civile étendu dans le cadre du chapitre VII, pour une durée aussi longue qu’il sera nécessaire pour assurer un retour à la normale. Tout ceci ne sera possible qu’avec un soutien international plus fort, mais les 250 millions d’euros de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique est déjà largement engagée et celle-ci ne devrait pas être révisée avent 2007.

Crisis Group a produit plusieurs rapports sur différents aspects de la situation complexe au Soudan. Le présent rapport est le premier d’une série qui examinera en profondeur les points forts et les faiblesses de la capacité de l’UE de répondre aux crises qui est en train d’être développée, ainsi que de ses politiques plus ambitieuses en matière de prévention des conflits dans le monde. Il examine la façon dont le partenariat entre Bruxelles et l’UA sur le Darfour, et ce qui devrait être fait pour le rendre plus efficace.[fn]Pour de plus amples détails sur les questions politiques et de sécurité au Darfour et leurs relations avec des problèmes domestiques au Soudan dans lesquels l’UE et d’autres membres de la communauté internationale sont impliqués, voir les récentes publications de Crisis Group, notamment le Briefing Afrique n°32, Unifying Darfur's Rebels: A Prerequisite for Peace, 6 October 2005; Africa Briefing N°30, Garang's Death: Implications for Peace in Sudan, 9 août 2005; Africa Report N°96, The Khartoum-SPLM Agreement: Sudan's Uncertain Peace, 25 juillet 2005; Africa Briefing N°24, A New Sudan Action Plan, 26 avril 2005; et le Rapport Afrique n°89, Darfur: The Failure to Protect, 8 mars 2005.Hide Footnote

Nairobi/Bruxelles, 25 Octobre 2005

Executive Summary

The African Union's (AU) intervention in Sudan's Darfur region tests the effectiveness of its own peace and security structures and those of the European Union (EU). The AU has taken the lead both in the political negotiations between the government and the rebels and in deploying a peace-monitoring mission, the AU Mission in Sudan (AMIS). It has had to rely on outside support for AMIS, with nearly two thirds of its funding coming from the EU's African Peace Facility. The results are mixed. If Darfur is to have stability anytime soon, and the two organisations are to fulfil their ambitions to be major players in crisis prevention and crisis resolution, AMIS must get more troops and a more proactive, civilian-protection mandate, and the EU needs to find ways to go beyond the present limitations of the African Peace Facility in providing assistance.

The EU/AU relationship on Darfur involves a mutually steep learning curve. It has been generally successful from a technical point of view, although coordination within and between each could be much improved, and has laid a foundation for further cooperation between Addis Ababa and Brussels. However, the security situation is worsening, with none of the parties fully respecting the ceasefire, and the political process is stalled. Crisis Group continues to believe that the troop level on the ground in Darfur needs to be brought up to 12,000-15,000 immediately in order to create the requisite security to protect civilians, encourage displaced persons to begin to return home and establish conditions conducive to more productive negotiations for a political settlement.

We have argued elsewhere that a NATO bridging force would be the most practical way of achieving this deployment,[fn]See Crisis Group Africa Briefing N°28, The AU's Mission in Darfur: Bridging the Gaps, 6 July 2005.Hide Footnote but unfortunately neither NATO nor the AU appear prepared to consider such a radical measure. Another option, now being widely discussed, is folding AMIS into the United Nations Mission in Sudan (UNMIS) operation, established in March 2005 to support implementation of the Comprehensive Peace Agreement (CPA) between Khartoum and the Sudan People's Liberation Movement/Army (SPLM). Such a "double-hatted" UNMIS would, arguably, be a more efficient way of conducting two inter-related peace operations in a single country, give the Darfur peace operation a more secure financial base, and open up a broader pool of potential troop contributing countries than at present. But the planning and deployment of such an extended mission would take many months, and the AU is for the moment quite resistant to winding up its own distinctively AU-badged operation in Darfur.

While Crisis Group believes the UN -- and NATO -- options need to be very seriously considered further, this policy report focuses on what more can and should be done to meet Darfur's needs within the present organisational arrangements, involving the continuation of AMIS, and on the basis of financial support coming primarily from Europe.

In this context, the most immediate need is to bring AMIS up to its presently authorised size (7,731), a task that is behind schedule, and make it more effective within the limited terms of its present mandate. Beyond that, AMIS urgently needs to become larger and more militarily powerful, with an expanded Chapter VII-type civilian protection mandate, and with the operation sustainable for as long as it takes for normality to be restored. All this will be possible only with greater international support, but the EU's €250 million African Peace Facility is already largely committed and not due for regular review until 2007.

Crisis Group has reported frequently on all aspects of Sudan's complex situation. This policy report, the first in a series that will examine in depth the strengths and weaknesses of the EU's growing crisis response capability and its more ambitious policies in conflict prevention situations around the world, focuses on how the partnership between Brussels and the AU has been working in Darfur and what should be done to make it more effective.[fn]For more detailed analysis of political and security issues in Darfur and their relationship to national issues in Sudan with which the EU and other elements of the international community are involved, see recent Crisis Group reporting, including Africa Briefing N°32, Unifying Darfur's Rebels: A Prerequisite for Peace, 6 October 2005; Africa Briefing N°30, Garang's Death: Implications for Peace in Sudan, 9 August 2005; Africa Report N°96, The Khartoum-SPLM Agreement: Sudan's Uncertain Peace, 25 July 2005; Africa Briefing N°24, A New Sudan Action Plan, 26 April 2005; and Africa Report N°89, Darfur: The Failure to Protect, 8 March 2005.Hide Footnote

Nairobi/Brussels, 25 October 2005

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