République centrafricaine : les options de réponse internationale pour 2014
République centrafricaine : les options de réponse internationale pour 2014
Fixing the army is key for CAR’s stability
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Commentary / Africa 3 minutes

République centrafricaine : les options de réponse internationale pour 2014

La venue aujourd’hui en République centrafricaine de Samantha Power, ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, a remis la crise centrafricaine au centre des préoccupations et a renouvelé l’attention sur la réponse internationale et plus particulièrement sur l’implication américaine dans la résolution de cette crise. Cependant, les options offertes à la communauté internationale demeurent globalement inchangées.

Quelles sont ces options ? Aujourd’hui, la responsabilité de la Force africaine de maintien de la paix en République centrafricaine (Misca) a été officiellement transférée de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) à l’Union africaine (UA). Or au centre du problème de la gestion de la crise centrafricaine réside l’absence de crédibilité d’une force africaine de maintien de la paix qui, par défaut, a conduit à l’intervention militaire française.

La montée en puissance de la Micopax qui précédait la Misca a été beaucoup trop tardive et la Misca est toujours confrontée au même problème: un sous-effectif chronique, des annonces non suivies d’effet (le sommet de Ndjamena en avril 2013 prévoyait le renforcement de la Micopax pour atteindre 2000 hommes avant la fin du mois de mai 2013 et une nouvelle hausse du plafond des troupes porté maintenant à 6 000 a été faite en marge du sommet de l’Elysée début décembre). Augmenter les effectifs requis est une sorte de fuite en avant qui évite aussi de poser d’autres problèmes tels que la qualité du commandement, la qualité des troupes mises à disposition, la logistique et surtout le respect du mandat et des règles d’engagement.

Le problème sérieux de génération des troupes pourrait trouver une réponse partielle avec l’arrivée de nouveaux contributeurs africains. Après le Burundi qui déploie en ce moment un contingent de 850 hommes grâce à une assistance militaire américaine, le Rwanda et l’Egypte sont sur les rangs en tant que potentiels contributeurs de troupes. Les Rwandais envisageraient de déployer 850 hommes en RCA mais attendraient des précisions de l’Union africaine notamment sur la nature des forces à déployer et sur leur zone d’intervention en RCA. Les Egyptiens seraient, quant à eux, prêts à envoyer des soldats mais il n’est pas sûr que l’Union africaine, qui a suspendu l’Egypte, valide cette proposition.

Les Etats-Unis ont prévu de consacrer 100 millions de dollars pour aider les forces africaines et la France à rétablir la sécurité en RCA. En effet, après avoir décidé de fournir 40 millions de dollars en novembre 2013 pour venir en soutien à la Misca, le Président américain Barack Obama a ordonné le déblocage de 60 millions de dollars supplémentaires d’aide militaire à destination des troupes étrangères présentes en RCA. Au moment où Samantha Power foule le sol centrafricain, la Maison Blanche annonce une augmentation de son aide humanitaire pour la RCA de 15 millions de dollars et donne des précisions sur l’usage et la destination des fonds américains qui atteignent désormais presque 150 millions de dollars au total. La Maison Blanche a également évoqué la possibilité de rouvrir prochainement l’ambassade américaine à Bangui.

Outre cette aide logistique bilatérale, l’UA attend une aide financière pour faire vivre cette mission. Cette aide doit provenir à la fois de l’Union européenne, qui a confirmé une dotation de 50 millions d’euros pour la Misca, et du fonds commun créé par les Nations unies.

Toutefois, si l’UA a obtenu un mandat initial d’un an révisable au bout de six mois, l’article 47 de la résolution 2127 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies ouvre la possibilité d’une mission onusienne en 2014. Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, doit de nouveau présenter des options dans trois mois et une mission d’évaluation déterminera notamment si les conditions sur le terrain rendent possible le déploiement d’une mission de maintien de la paix. La question se poserait alors de l’ingénierie institutionnelle entre les Nations unies et l’UA et deux formules seraient envisageables : soit transformer la Misca en opération des Nations unies soit créer une mission hybride à l’instar de l’UNAMID au Darfour. La capacité de coopération de l’UE et de l’UA sera alors mise à l’épreuve.

Du côté européen, plusieurs pays ont par solidarité déjà offert des soutiens logistiques pour l’opération française Sangaris et d’autres pourraient envoyer des troupes. Si la perspective de déployer une force de réaction rapide « battle group » a été évoquée, cette option a été écartée pour le moment. Toutefois, cela ne signifie pas que l’UE restera inactive et se contentera du rôle de financeur de la mission africaine. L’option du déploiement d’une force de réaction rapide, pourrait être rediscutée au début de l’année prochaine quand la Grèce succèdera à la Grande-Bretagne.

C’est donc un partenariat multilatéral complexe qui se dessine autour de la force africaine et de la force française pour 2014. Mais quel que soit l’ampleur des soutiens que recevront ces deux missions, ils ne pourront se substituer à une stratégie de règlement politique de la crise centrafricaine qui, pour l’heure, fait défaut. La communauté internationale devra s’emparer de ces sujets avant d’organiser une conférence des donateurs pour la reconstruction de ce pays sinistré. Il revient au comité international de suivi présidé par le Congo-Brazzaville de s’atteler à la définition de ce règlement politique.

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