Report / Africa 2 minutes

La réforme du secteur de la sécurité en RDC

Aucune question n’est plus importante que la réforme du secteur de la sécurité dans le développement d’une paix durable en République démocratique du Congo. En RDC, les services de sécurité sont confrontés à deux défis majeurs: maintenir l’ordre pendant les élections et réduire le taux de mortalité galopant (30,000 décès par mois) résultant du conflit.

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Synthèse

Aucune question n’est plus importante que la réforme du secteur de la sécurité dans le développement d’une paix durable en République démocratique du Congo. En RDC, les services de sécurité sont confrontés à deux défis majeurs: maintenir l’ordre pendant les élections et réduire le taux de mortalité galopant (30,000 décès par mois) résultant du conflit. Du côté militaire, il s’agit de créer une armée efficace disposant d’une chaîne de commandement unique plutôt que de focaliser toute l’attention sur la démobilisation des anciens combattants. La réforme de la police n’a pas reçu autant d’attention de la communauté internationale que la restructuration de l’armée: les quelques efforts consentis ont connu un certain succès, même s’ils ont souffert d’une approche fragmentée faisant souvent l’impasse sur le milieu rural. Il est impossible d’instaurer un climat de sécurité sans une véritable évaluation des risques stratégiques, des besoins et des capacités du pays. Afin de garantir un avenir prometteur, il faut mettre au point un plan réaliste définissant le rôle des forces de sécurité et établissant un équilibre entre leurs besoins et les moyens disponibles.

La réforme de l’armée nationale a pris du retard sur le calendrier prévu. Dix-huit brigades intégrées devaient être crées avant les élections, mais seulement six d’entre elles ont été déployées. Certaines d’entre elles, régulièrement mal ou impayées, constituent d’avantage une source d’instabilité que de sécurité et n’hésitent pas à rançonner la population locale. Légalement, la police est en charge de la sécurité lors des élections mais elle risque de ne pas faire le poids devant les milices locales dans de nombreuses régions du pays.

La réforme du secteur de la sécurité reste le parent pauvre tant financièrement qu’en termes de planification stratégique. Tandis que les donateurs ont déjà contribué plus de 2 milliards USD en faveur de la RDC, y compris des sommes généreuses pour la démobilisation des anciens combattants, seule une infime portion a été consacrée à l’amélioration du statut et de la gestion des forces armées et de police. Même s’il est compréhensible que beaucoup de donateurs soient réticents à traiter avec des éléments parfois peu recommandables, ces forces sont toutefois indispensables à la stabilisation du pays. La structure actuelle de mesures d’encouragement de la réforme accuse un système d’incitation déviant. Le candidat à la démobilisation reçoit une indemnité atteignant 410 USD; mais celui qui choisit de rester sous les drapeaux ne perçoit qu’une solde de 10 USD, lorsque celle-ci lui parvient. La coordination entre les différents bailleurs de fonds laisse également à désirer, bien que la police (EUPOL) et les missions militaires (EUSEC) de l’Union européenne aient commencé à stimuler des améliorations.

L’armée est toujours faible et pourrait encore s'effondrer rapidement devant une menace sérieuse. Bien que la plupart des anciens belligérants forment l’actuel gouvernement de transition et soutiennent officiellement la nouvelle armée, certains combattants (et brigades) ignorent parfois les ordres de la hiérarchie militaire s’ils contreviennent aux intérêts de leurs factions respectives. En effet, la réticence à faire avancer la réforme dans beaucoup de structures de la sécurité est une stratégie délibérée de certains acteurs de la guerre de 1998-2002: ils veulent préserver leur force de réaction au cas où les résultats des élections ne leur seraient pas favorables.

Ce rapport s’inscrit dans une série de recherches sur le rôle croissant de l'UE dans la prévention des conflits et accordera une attention particulière aux contributions de l'Union européenne (UE) et de ses États membres à la réforme du secteur de la sécurité.

Nairobi/Bruxelles, le 13 février 2006

Executive Summary

No issue is more important than security sector reform in determining the Democratic Republic of the Congo’s prospects for peace and development. Two particular challenges loom large: the security services must be able to maintain order during the national elections scheduled for April 2006 and reduce the country’s staggering mortality rate from the conflict – still well over 30,000 every month. On the military side, far more must be done to create an effective, unified army with a single chain of command, rather than simply demobilising militias and giving ex-combatants payout packages. International attention to police reform has been much less than that given to military restructuring: the limited efforts have had some important successes but suffer from a patchwork approach that largely neglects the countryside. Establishing a secure environment is not possible without a thorough security assessment that takes into account the country’s risks, needs, capabilities and financial means. A realistic plan is needed that defines the role of the security forces and reconciles their needs and means for a sustainable future.

Reform of the army is far behind schedule. Eighteen integrated brigades were supposed to be created before elections but only six have been deployed, some of which are as much a security hazard as a source of stability, since they are often unpaid and prey on the local population. The police are supposed to be responsible for election security but are no match for local militias in many parts of the country.

Security sector reform continues to be a neglected stepchild both financially and in terms of strategic planning. While donors have already contributed more than $2 billion to the Congo, including generous amounts for demobilisation of ex-combatants, only a small fraction has been dedicated to improving the status and management of the armed forces and the police. While it is understandable that many donors are reluctant to engage with what have often been unsavoury elements, these forces are critical for stability. The current incentive structure to encourage reform is seriously distorted. Fighters are offered allowances totalling $410 to leave the military but a salary of only $10 a month if they choose army service, and even this too often never gets to them. Coordination of international efforts is also inadequate, though the European Union’s police (EUPOL) and military (EUSEC) missions have begun to stimulate improvements.

The army remains weak and could again collapse quickly if faced with a serious threat. Although most former belligerents now form the transitional government and formally support the new army, they and their ex-soldiers sometimes ignore orders from the military hierarchy that they consider to be in conflict with the interests of their respective factions. Indeed, the reluctance to move forward with reform in many security structures is a deliberate strategy on the part of the leaders who fought the 1998-2002 war to preserve their ability to respond with force if the elections do not turn out to their satisfaction.

This report gives special attention to the European Union and its member states’ contributions on security sector reform as part of an ongoing examination of the EU’s growing global role in conflict prevention.

Nairobi/Brussels, 13 February 2006

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