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L’Indonésie face au radicalisme à Poso

Un an après les grandes opérations de police menées dans le district de Poso, dans le Sulawesi central, il est permis de manifester un optimisme prudent et de penser que la violence jihadiste et autres violences entre chrétiens et musulmans appartiennent au passé.

Synthèse

Un an après les grandes opérations de police menées dans le district de Poso, dans le Sulawesi central, il est permis de manifester un optimisme prudent et de penser que la violence jihadiste et autres violences entre chrétiens et musulmans appartiennent au passé. Mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir une paix durable, notamment apporter une solution aux revendications de la population concernant l’efficacité de la justice et garantir une utilisation et un contrôle efficaces des fonds destinés au développement post-conflit dans ce district.

Poso a vécu une décennie de violence grave. Entre 1998 et 2001, elle a été la scène de combats entre chrétiens et musulmans. Après 2001 et la signature d’un accord de paix sous les auspices du gouvernement, la violence est devenue unilatérale lorsque les extrémistes locaux, dont beaucoup étaient liés à l’organisation extrémiste Jemaah Islamiyah (JI) dont ils recevaient leurs ordres, se sont mis à organiser des attaques contre des chrétiens, des responsables locaux et des informateurs présumés. Les opérations de police qui se sont déroulées les 11 et 22 janvier 2007 étaient l’aboutissement de presque une année d’efforts infructueux de la police pour persuader les responsables d’actes criminels de se rendre. Quatorze militants et un policier ont été tués durant ces opérations mais Poso est désormais, au dire de tous, plus calme et plus sûre qu’elle ne l’a été depuis des années. Conséquences de ces opérations :

  • presque tous les professeurs religieux de la Jemaah Islamiyah originaires de Java ont fui la région ;
     
  • ceux qui ont perpétré l’ensemble des crimes commis au nom du jihad depuis l’accord de paix de Malino en 2001 ont été identifiés et la plupart ont été arrêtés, jugés et condamnés sans provoquer de réaction particulière ;
     
  • l’unité administrative de la JI à Poso (wakalah) semble avoir été détruite, au moins de manière temporaire ;
     
  • un programme de formation professionnelle est en cours dont le but est de s’assurer que les extrémistes en puissance ont devant eux des opportunités professionnelles qui les tiendront à l’écart d’activités dangereuses ;
     
  • le gouvernement central a libéré de nouveaux fonds, notamment pour améliorer l’éducation dans l’espoir de dissiper l’influence des enseignements radicaux ; et
     
  • aucune violence grave n’a été constatée depuis douze mois à Poso.

En dépit de questions persistantes quant au nombre de victimes des opérations policières de 2007, celles-ci doivent être considérées comme une avancée positive en direction de la paix. Mais plusieurs problèmes demeurent et la question est aujourd’hui de savoir comment garantir une paix durable. Les revendications fondamentales, notamment celles relatives à la justice, n’ont pas été réglées. Les nouveaux fonds pour le développement de la région sont mal contrôlés, des allégations de corruption circulent et des difficultés empêchent d’assurer l’équité entre les différents groupes récipiendaires. Les problèmes rencontrés dans la remise d’argent aux victimes du conflit rappellent les difficultés rencontrées à Aceh dans le cadre du financement de la réintégration des anciens combattants. La méfiance du public envers la police reste élevée, en particulier parmi les organisations non gouvernementales (ONG), ce qui entrave les espoirs d’établir une sécurité au niveau communautaire.

Le gouvernement à tous les niveaux – national, provincial et district – doit de toute urgence instaurer des mesures strictes d’audit et augmenter la transparence quant à la manière dont les fonds sont déboursés et à destination de qui. La police et les ONG doivent trouver un moyen de mettre fin à la guerre froide qui les oppose. Quant aux bailleurs de fonds, ils doivent s’assurer qu’un programme de formation professionnelle efficace destiné aux prisonniers et jeunes gens présumés potentiellement dangereux pourra être mis en œuvre.

Jakarta/Bruxelles, 22 janvier 2008

I. Overview

A year after major police operations in the Central Sulawesi district of Poso, there are grounds for cautious optimism that Muslim-Christian and jihadist violence is a thing of the past. But much remains to be done to ensure that peace is sustained, including resolving underlying grievances relating to justice and accountability, and ensuring effective targeting and oversight of recovery funding.

Serious violence in Poso has had a ten-year history. Between 1998 and 2001, it had been the scene of Christian-Muslim fighting. After 2001 and a government-brokered peace pact, the violence became one-sided, with local extremists, many of them linked to and directed by the extremist organisation Jemaah Islamiyah (JI), mounting attacks on Christians, local officials and suspected informants. The 11 and 22 January 2007 operations were the culmination of almost a year’s unsuccessful effort by the police to persuade those responsible for criminal acts to turn themselves in. Fourteen militants and one policeman died in the process, but Poso is quieter and safer, by all accounts, than it has been in years. As a result of the January operations:

  • almost all the JI religious teachers from Java have fled the area;
     
  • the perpetrators of all the jihadi crimes committed since the 2001 Malino peace accord have been identified, and most have been arrested, tried and convicted, without any backlash;
     
  • the JI administrative unit (wakalah) in Poso appears to have been destroyed, at least temporarily;
     
  • a major vocational training program is underway aimed at ensuring that would-be extremists have career opportunities that will keep them out of trouble;
     
  • the central government has made new funding available, including for improving education in the hope of diluting the influence of radical teaching; and
     
  • no serious violence has taken place in Poso in twelve months.

Despite remaining questions about whether the death toll was needlessly high, the operations have to be seen as a net gain for peace. But many problems remain, and the question is how to ensure that peace will be sustainable. Underlying grievances, particularly relating to justice and accountability, have not been fully resolved. Oversight of the new funding is poor, there are many allegations of corruption, and there are problems in ensuring equity among different groups of recipients. The problems with cash handouts to conflict victims mirror the difficulties that Aceh has faced with reintegration funding. Public distrust of the police remains high, particularly among non-governmental organisations (NGOs), hampering the prospects of community-based security.

The government at all levels – national, provincial and district – needs urgently to institute strict auditing measures and increase transparency about how and to whom funds are being disbursed. Police and NGOs need to find ways to end their cold war. And donors need to ensure that a useful vocational training program for released prisoners and young men deemed potential troublemakers can be evaluated and continued.

Jakarta/Brussels, 22 January 2008

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