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Indonésie : les éditions de la Jemaah Islamiyah

Une poignée de membres et de personnes proches de la Jemaah Islamiyah (JI), l’organisation extrémiste la plus importante d’Indonésie, ont mis sur pied un consortium dédié à l’édition au sein de l’école religieuse (pesantren) fondée par Abu Bakar Ba’asyir et Abdullah Sungkar à Solo, Java Centre.

Synthèse

Une poignée de membres et de personnes proches de la Jemaah Islamiyah (JI), l’organisation extrémiste la plus importante d’Indonésie, ont mis sur pied un consortium dédié à l’édition au sein de l’école religieuse (pesantren) fondée par Abu Bakar Ba’asyir et Abdullah Sungkar à Solo, Java Centre. Ce lucratif consortium est devenu un important véhicule pour la dissémination de la pensée jihadiste, fournissant des livres attrayants et bon marché dans les mosquées, librairies et groupes de discussion. Que l’organisation s’aventure dans le domaine de l’édition démontre sa capacité de résilience et témoigne de la mesure dans laquelle l’idéologie radicale a développé ses racines en Indonésie. Le gouvernement devrait surveiller ces activités de plus près, activités qui pourraient par ailleurs jouer un rôle utile en canalisant l’énergie de la JI vers une lutte de jihad par l’écrit plutôt que par des actes violents.

L’examen des titres publiés permet de retracer l’évolution d’un débat vigoureux au sein de la Jemaah Islamiyah sur les avantages de la tactique d’Al-Qaeda. Ce débat semble être spontané et ne pas avoir été influencé par le programme gouvernemental de “déradicalisation” en cours et il est important que cela continue. Frapper d’interdiction les éditeurs ou leurs livres serait contreproductif. Mais il serait souhaitable de surveiller ces activités d’édition pour plusieurs raisons:

  • Le nombre de ces publications a augmenté à mesure que la JI faiblissait, reflétant probablement une décision de ses dirigeants de se concentrer sur la dissémination des théories religieuses et sur le recrutement pour reconstruire l’organisation. Les livres ainsi produits s’inscriraient dans cet effort.
     
  • Du traducteur au distributeur, ce réseau d’édition offre un bon exemple du réseau social sur lequel repose la Jemaah Islamiyah, particulièrement en temps de faiblesse. La JI a révélé une capacité extraordinaire à rebondir après un coup dur, sans doute grâce à ces appuis.
     
  • Bien que les maisons d’édition appartiennent à des individus et non à la JI elle-même, une partie des revenus qu’elles génèrent sont très certainement réinvestis dans les activités de l’organisation.
     
  • Il est possible que des membres proches de Noordin Mohammed Top, sans doute le plus dangereux terroriste en fuite de la région, travaillent comme traducteurs pour les éditions de la JI, en dépit du gouffre idéologique qui sépare Noordin du courant dominant de cette organisation.

Le meilleur moyen d’assurer la surveillance adéquate de ces activités serait que le gouvernement indonésien mette en œuvre les lois en vigueur concernant l’édition, les conditions de travail ainsi que la création et l’imposition des entreprises. Ceci non seulement offrirait la possibilité de surveiller ces entreprises mais pourrait également permettre de récolter des informations concernant les effectifs et la situation de la Jemaah Islamiyah

Jakarta/Bruxelles, 28 février 2008

Executive Summary

A handful of members and persons close to Jemaah Islamiyah (JI), Indonesia’s most prominent extremist organisation, have developed a profitable publishing consortium in and around the pesantren (religious school) founded by Abu Bakar Ba’asyir and Abdullah Sungkar in Solo, Central Java. The consortium has become an important vehicle for the dissemination of jihadi thought, getting cheap and attractively printed books into mosques, bookstores and discussion groups. The publishing venture demonstrates JI’s resilience and the extent to which radical ideology has developed roots in Indonesia. The Indonesian government should monitor these enterprises more closely, but they may be playing a useful role by channelling JI energies into waging jihad through the printed page rather than acts of violence.

Examining the titles printed permits tracking of a lively internal debate within JI over the desirability of al-Qaeda tactics. That debate seems to be taking place spontaneously, without any assistance from the government “deradicalisation” program, and it is important that it continue. Banning the publishers or their books would be counterproductive. But more scrutiny of the publishing activities would be desirable for several reasons:

  • Publishing has increased as JI has weakened, likely reflecting a decision from the top to focus on religious outreach and recruitment as a way of rebuilding the organisation. The books produced may be part of that effort.
     
  • From translator to distributor, the publishing web is an example of the social network that holds JI together, particularly at a time of weakness. JI has proven itself extraordinarily able to rebound from setbacks, and the networks underpinning it may help explain why.
     
  • Although the publishing houses are owned by individuals, not JI per se, some revenues are almost certainly being ploughed back into JI activities.
     
  • Individual members close to Noordin Mohammed Top, perhaps the region’s most dangerous at-large terrorist, may be working as translators for JI publishers, despite the ideological gulf between Noordin and the JI mainstream.

The best way to ensure adequate scrutiny would be for the Indonesian government to enforce its own laws with respect to publishing, labour, corporate registration and taxation. Such enforcement would not only offer a means of monitoring these enterprises, but it could also yield valuable information about the size and status of the JI organisation.

Jakarta/Brussels, 28 February 2008

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