Report / Latin America & Caribbean 2 minutes

Les divisions en Bolivie: trop profondes pour cicatriser?

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Synthèse

La Bolivie connaît la lutte de pouvoir la plus dangereuse depuis le milieu des années 80 et garde les séquelles de la violence de 2003 qui a fait près d'une centaine de morts et contraint le Président Gonzalo Sánchez de Lozada à démissionner et fuir le pays après seulement six mois de pouvoir. Une série de questions très litigieuses, surtout celles se rapportant à l'extraction et l'exportation du gaz naturel, exigent un règlement dans les plus brefs délais. A moins que le gouvernement Mesa ne réussisse à forger un nouveau consensus public avec l'aide des Etats-Unis en particulier, la démocratie du pays soumise à de très fortes pressions sera en danger ainsi que le maintien de son unité.

Le contrat social qui sous-tend la démocratie a volé en éclat et la violence menace constamment. En plus du gaz naturel, d'autres questions polarisent l'attention : le modèle économique du pays, l'autonomie régionale, les revendications de la majorité des peuples indigènes en faveur d'une meilleure représentation, et la conciliation du respect des usages traditionnels de la coca avec les mandats internationaux soumis aux pressions américaines en matière de lutte contre le trafic de drogues.

La polémique sur ces problèmes ne laissent que peu de place à la médiation et la réconciliation. Si elle ne parvient pas à définir et trouver un terrain d'entente, la Bolivie risque de traverser des moments chaotiques. Le cours des évènements pourrait prendre une tournure différente avec le référendum du 18 juillet 2004 sur la question du gaz, l'élection d'une assemblée constituante supposée rédiger une nouvelle constitution en 2005 ou, dans le pire des cas, par des moyens non démocratiques.

Les disparités régionales croissantes en Bolivie ont été exacerbées par la confusion et la dispute à propos de la propriété, de la vente et des bénéficiaires des réserves de gaz naturel. Santa Cruz et d'autres villes situées en plaine et impliquées dans ce commerce préfèrent souvent ignorer les politiques de La Paz, mais les mouvements radicaux des montagnes sont déterminés à les empêcher d'exporter le gaz que contient leur sol. Les milieux d'affaires de Santa Cruz et Tarija n'ont guère d'autre choix que celui de l'offensive politique s'ils souhaitent ouvrir des marchés d'exportation pour le gaz. Jusqu'à maintenant, leurs appels à la sécession relève davantage de la rhétorique que de la réalité. Toutefois, si le référendum créé la confusions autour des lois actuelles, des contrats et des politiques, la rhétorique pourrait alors conduire à l'action.

Les mouvements indigènes gagnent en importance à travers les Andes et le mouvement bolivien a déjà démontré son potentiel violent. Les mouvements populistes contestent les règles politiques et économiques actuelles du jeu, en grande partie dictées par les intérêts étrangers et les élites boliviennes. Exaspérés et furieux, ces mouvements sont clairs sur l'objet de leur opposition -- les politiques économiques qui, dans le meilleur des cas, relèvent du goutte à goutte et, dans le pire, exacerbent les disparités de revenus -- mais ils ne proposent pas d'alternatives pratiques et échauffent les esprits plus qu'ils ne les éclairent sur les questions économiques et sociales majeures.

Les défis à relever pour le gouvernement Mesa sont immenses. Le maintien d'une ligne politique qui satisfasse l'ensemble des secteurs de la société paraît impossible. La seule manière d'éviter à la Bolivie l'explosion ou la désintégration face à la récente découverte de ce trésor, semble résider dans une plus grande transparence des politiques, notamment à l'aide d'une explication publique pertinente à propos de la complexité de l'industrie d'hydrocarbures. Pouvoir aborder les multiples problèmes économiques, ethniques et sociaux, requiert des partis politiques, des mouvements sociaux et des associations professionnelles qu'ils parviennent à un nouveau consensus national sur la manière d'utiliser les ressources naturelles au profit du développement de tout le pays et d'une réduction substantielle de la pauvreté.

Quito / Bruxelles, le 6 Juillet 2004

Executive Summary

Bolivia is in the midst of its most dangerous power struggle since the mid-1980s and still smarting from the violence of 2003, which left nearly 100 people dead and forced the resignation and flight of President Gonzalo Sánchez de Lozada after barely six months in office. A series of highly divisive issues, particularly over the extraction and export of natural gas, demand swift resolution. Unless the Mesa government, with sympathetic assistance especially from the U.S., can forge a new public consensus, the country's hard pressed democracy, and perhaps its continued unity will be in doubt.

The social contract underpinning that democracy is shredded and further violence is a constant threat. In addition to natural gas, polarising issues include the country's economic model; regional autonomy; demands by the majority indigenous peoples for greater representation; and reconciling respect for traditional coca practices with international mandates, pressed by the U.S., against illicit drug trafficking.

Contentious debates on all of these issues allow little room for mediation and reconciliation. If middle grounds cannot be defined and agreed, Bolivia is headed for tumultuous times. The country's direction could change overnight with the 18 July 2004 referendum on the gas issue, the elections for a constituent assembly that is expected to write a new constitution in 2005 or, in the worst case, through non-democratic means.

The growing split between Bolivia's regions has been amplified by the confusion and conflict over the ownership, sale, and beneficiaries of the natural gas reserves. Santa Cruz and other commercially-oriented lowland cities often prefer to ignore the politics of La Paz, but radical movements in the highlands are determined to stop them from exporting the gas located in their region. Business interests in Santa Cruz and Tarija have little choice but to go on the political offensive if they want to open export markets for the gas. Until now, their calls for secession have been more rhetorical than real. If the referendum turns current laws, contracts, and policies upside down, however, the rhetoric may lead to action.

Indigenous movements are gaining strength throughout the Andes, and the Bolivian movement has already shown the potential for violence. Populist movements are taking issue with the current political and economic rules of the game, which have largely been written by foreign interests and domestic elites. Animated and angry, they are clear about what they oppose -- economic policies that are at best trickle-down and at worst exacerbate income inequality -- but they are not offering practical alternatives, and are shedding more heat than light on the important economic and social issues.

The challenges for the Mesa government are enormous. Keeping a political course that satisfies all sectors of society seems impossible. A major effort at making policy more transparent, including an effective public explanation of the hydrocarbon industry's complexities, seems the only way to prevent Bolivia from coming to blows or breaking up over its newfound treasure. Addressing multiple economic, ethnic, and social problems requires political parties, social movements, and business associations to forge a new national consensus on how to use natural resources for the development of the entire nation and substantial poverty reduction.

Quito/Brussels, 6 July 2004

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