Briefing / Asia 3 minutes

Essai nucléaire en Corée du Nord : les retombées

L’affaire du nucléaire nord-coréen est entrée dans une phase encore plus inquiétante avec l’essai auquel Pyongyang a procédé le 9 octobre 2006.

  • Share
  • Enregistrer
  • Imprimer
  • Download PDF Full Report

Synthèse

L’affaire du nucléaire nord-coréen est entrée dans une phase encore plus inquiétante avec l’essai auquel Pyongyang a procédé le 9 octobre 2006. Cette explosion a fait l’objet d’une condamnation quasi-universelle et le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité la résolution 1718 moins d’une semaine après. En réaction à cet essai nucléaire, la Chine a pris une position exceptionnellement dure à l’encontre de son alliée ; elle s’est associée aux sanctions de l’ONU et a dépêché un envoyé spécial à Pyongyang. Le 31 octobre, après des discussions à Beijing avec les États-Unis et la Chine, Pyongyang a accepté de reprendre les pourparlers à six. On peut saluer la reprise du processus diplomatique mais il faut encore s’attendre à rencontrer les mêmes obstacles que lors des cycles de négociations précédents, lorsque les progrès étaient entravés par un manque de compréhension entre la Corée du Nord et les États-Unis. Bien que le format des pourparlers à six offre un forum de discussion utile, on ne pourra résoudre la question du nucléaire sans mener des négociations bilatérales afin d’examiner en détail d’une part les inquiétudes de Pyongyang, et d’autre part l’exigence américaine d’un désarmement complet et d’un mécanisme d’inspection rigoureux. La réponse ferme de la Chine pourrait agir comme un facteur de pression sur la Corée du Nord pour consentir des concessions lors des négociations mais ceci ne sera possible que si les États-Unis sont prêts à se rendre à la table des négociations avec un ordre du jour plus spécifique et plus attrayant qu’il n’en n’a présenté jusqu’à maintenant.

Si le Conseil de sécurité a été prompt à imposer des sanctions à la Corée du Nord, des différends sont immédiatement apparus dans l’interprétation de la résolution 1718 : les États-Unis et le Japon insistent sur une mise en œuvre rigoureuse tandis que la Chine, la Russie et la Corée du Sud sont en faveur d’une action plus limitée. Ceci a révélé la faiblesse de la structure à six ; chaque gouvernement a ses propres intérêts et fait sa propre évaluation de l’urgence de la situation. Pour la Corée du Sud et la Chine, la stabilité de la Corée du Nord est d’une importance capitale. Les États-Unis et le Japon se préoccupent plutôt des missiles nucléaires et balistiques ainsi que de la prolifération nucléaire, des droits de l’Homme et des enlèvements. La Russie s’est généralement rangée aux côtés de la Corée du Sud et préfère que ce problème se règle directement entre Washington et Pyongyang.

L’inquiétude principale de la Corée du Nord en matière de sécurité concerne les États-Unis. Si rien n’est fait pour apaiser ses craintes, il est peu probable que le régime abandonne ses armes nucléaires. Le président George W. Bush a déclaré que les négociations bilatérales avec la Corée du Nord n’avaient pas donné de résultats avec l’administration antérieure. En fait, elles avaient permis de retarder le programme nucléaire nord-coréen de quelques années et restent un instrument de négociation efficace avec Pyongyang. Les pourparlers à six peuvent servir de cadre privilégié pour des négociations bilatérales et sont un mécanisme utile pour réunir un large soutien international en vue d’un éventuel accord mais ce ne devrait pas être le seul canal de communication avec Pyongyang.

La rencontre de Beijing, qui a conduit à la reprise des pourparlers à six, a en effet montré l’utilité de négociations directes. Reste encore à voir si les États-Unis vont changer leur position de façon significative afin de persuader leurs partenaires qu’ils sont prêt à faire des efforts pour offrir à la Corée du Nord la possibilité de revenir sur son programme nucléaire, véritable défi à la communauté internationale, tout en sauvant la face.

Les États-Unis devraient :

  • Nommer un envoyé spécial à plein temps pour la Corée du Nord (comme l’a proposé le Congrès) qui aurait le pouvoir de contrôler toutes les questions relatives à ce pays et de négocier aussi bien lors des pourparlers à six que lors des négociations bilatérales ;
     
  • Convenir avec le Conseil de sécurité d’un calendrier pour l’assouplissement des sanctions si la Corée du Nord gèle son programme nucléaire et admet à nouveau les inspecteurs internationaux sur son territoire ;
     
  • Se concentrer sur le dossier du nucléaire, même si cela demande de remettre à plus tard d’autres préoccupations importantes concernant les droits de l’Homme, la drogue, la contrefaçon et les missiles, étant donné que la priorité doit revenir au risque le plus grave ;
     
  • Présenter à la Corée du Nord un plan détaillé des mesures à prendre pour mettre fin à son programme d’armement, indiquant les bénéfices qu’elle retirera de cette interruption et apportant une réponse à ses inquiétudes quant à sa sécurité élémentaire et à la préservation du régime ; et
     
  • Examiner les risques de prolifération dans la région avec les principaux acteurs, notamment la Chine avec laquelle un dialogue sur le nucléaire et d’autres questions sécuritaires est nécessaire, et garantir un accord suffisant entre ceux-ci sur la mise en œuvre de la résolution 1718 afin de maintenir la pression sur la Corée du Nord sans provoquer de divisions entre les pays impliqués dans les pourparlers à six.

Sans une plus grande flexibilité de la part de Washington et de Pyongyang, il est improbable que les négociations progressent, quel que soit le forum de discussion dans lequel elles ont lieu. La Corée du Nord n’acceptera sans doute pas de renoncer à ses armes nucléaires, quelles que soient la carotte et le bâton que l’on agite. Elle pourrait faire traîner les discussions pour avoir le temps de mettre au point des armes plus sophistiquées en plus grande nombre. Mais l’on n’en saura rien tant que Washington ne discutera pas avec Pyongyang des préoccupations sécuritaires du régime. En 2003/2004, Crisis Group a proposé un plan contenant une série de démarches à prendre par la Corée du Nord pour geler puis démanteler son programme nucléaire, chaque phase étant suivie de garanties sécuritaires, d’une reconnaissance diplomatique et d’une aide financière plus importantes. Il semble que cette solution reste la meilleure chance de progresser.[fn]Voir le Rapport Asie de Crisis Group N°61, North Korea: A Phased Negotiation Strategy, 1er août 2003 et le rapport Asie N°87, North Korea: Where Next for the Nuclear Talks, 15 novembre 2004.Hide Footnote

Séoul/Bruxelles, 13 novembre 2006

I. Overview

The North Korean nuclear standoff entered an even more troubling phase with Pyongyang’s test of a nuclear device on 9 October 2006. Condemnation was nearly universal, and the UN Security Council moved quickly to pass Resolution 1718 unanimously less than a week later. The test stirred China to take an unusually strong line against its ally, joining UN sanctions and dispatching a senior envoy to Pyongyang. On 31 October, after talks in Beijing with the U.S. and China, Pyongyang agreed to return to the six-party talks. The resumption of a diplomatic process is welcome but will likely face the same pitfalls as earlier rounds in which progress was undermined by a lack of clear understandings between North Korea and the U.S. While the six-party talks are a useful forum, resolving the nuclear issue will also require committed bilateral negotiations that address in detail North Korea’s security concerns and U.S. demands for complete disarmament and intrusive verification. China’s strong response may prove to be a major new factor pressing North Korea to offer more concessions in the talks, but only if the U.S. is prepared to set the table with a far more specific and appetizing menu than it has thus far.

Although the Security Council was quick to impose sanctions on North Korea, differences immediately appeared in the interpretation of the resolution, with China, Russia and South Korea favouring more limited action and the U.S. and Japan pushing for tough enforcement. This exposed the weakness of the six-party structure; each government supposedly arrayed against North Korea has different interests and varying assessments of the urgency of the situation. South Korea and China view North Korea’s stability as their paramount concern. The U.S. and Japan worry about nuclear and ballistic missiles as well as nuclear proliferation, human rights and kidnappings. Russia has generally sided with South Korea and China, preferring the issue be resolved between Washington and Pyongyang directly.

North Korea’s major security concern is the U.S. Unless this concern, whatever its origins, is addressed, the regime is not likely to give up its nuclear weapons. President George W. Bush has said that bilateral talks with North Korea did not work in his predecessor’s administration. In fact, they achieved a welcome delay of some years in the nuclear program and are a significant tool for dealing with Pyongyang. The six-party talks can provide an essential umbrella for bilateral discussions and a mechanism through which to establish broad international backing for an eventual agreement but they should not be the only channel for dealing with the North Koreans.

The meeting in Beijing that led to the planned resumption of the six-party talks in effect demonstrated the utility of direct talks. It remains to be seen, however, whether the U.S. is prepared to alter its stance significantly so as to demonstrate persuasively to its partners that it is going the extra mile to offer North Korea both a substantive and a face-saving basis for reversing its decision to defy the international community by developing nuclear weapons.

The U.S. should:

  • appoint a full-time senior envoy for North Korea, as suggested by Congress, who should be empowered to oversee all issues relating to that country and to negotiate both at the six-party talks and bilaterally;
     
  • agree with the Security Council a timetable to ease sanctions if North Korea meets requirements to freeze its nuclear program and readmit international inspectors;
     
  • focus on the nuclear issue, even if this means postponing other important concerns including human rights, drugs, counterfeiting and missiles, since priority must be placed on the most serious risk;
     
  • provide North Korea with a detailed plan of the steps it must take to end its weapons program and what benefits it will receive in return, including a response to North Korea’s basic security and regime preservation concerns; and
     
  • discuss proliferation risks in the region with key powers, especially China, with whom a broad dialogue on nuclear and other security issues is required, and ensure an understanding among them about the implementation of Resolution 1718 sufficient to keep pressure on North Korea, without causing splits among those involved in the renewed six-party talks.

Without more flexibility from Washington and Pyongyang, a breakthrough is likely to prove elusive whatever forum is used. The North may not be willing to forego nuclear weapons regardless of the incentives and disincentives presented to it. It may be dragging out the talks to have time to develop more and better weapons. However, we will not know unless Washington sits down with the North to address the regime’s deep-seated security anxieties. Crisis Group outlined a plan in 2003-2004 containing a series of steps by North Korea to freeze and then dismantle its nuclear program, with each phase followed by increasing security guarantees, diplomatic recognition and financial aid. This remains the best way forward.[fn]See Crisis Group Asia Report N°61, North Korea: A Phased Negotiation Strategy, 1 August 2003, and Crisis Group Asia Report N°87, North Korea: Where Next for the Nuclear Talks, 15 November 2004.Hide Footnote

Seoul/Brussels, 13 November 2006

Subscribe to Crisis Group’s Email Updates

Receive the best source of conflict analysis right in your inbox.